Avant d'être un film, la pecora nera a été une pièce de théâtre et un roman. L'ensemble a été écrit et adapté par Ascanio Celestini, dans ses différentes versions. Ici,
il est à la fois derrière et devant la caméra pour raconter l'histoire de Nicola et le chemin qui l'a amené à être interné dans un asile.
C'est peu de dire que l'oeuvre est de prime abord déroutante, en raison du point de vue adopté. Une voix off nous guide, celle de Nicola, qui raconte l'histoire au sein de l'internat, le fonctionnement rigide imposé par les religieuses. Pourtant, il est complexe de voir qui parle, car la caméra n'est pas subjective, et donne à voir différents protagonistes. Et quand l'histoire fait des incursions dans le passé de Nicola, le lien entre l'enfant et l'adulte est sensible mais pas évident de suite.
L'histoire de Nicola prend peu à peu de l'ampleur, et c'est notamment hors de l'asile que le récit devient le plus intéressant. Les passages sur l'enfance, ces nuits passées dehors alors que ses frères aînés s'amusent avec une fille, et ses jeux avec ses camarades de l'époque sont assez bien rendus. De même, la quête éperdue de Marinella, son amour d'enfance retrouvée par hasard dans un supermarché donne une dimension romantique tout à fait bienvenue, et qui permet un éclairage autre sur la personnalité de Nicola.
Le défaut que je trouve finalement au film, c'est de noyer sous une composition un peu trop sophistiquée la volonté de dénoncer les traitements infligés dans les asiles. Du coup, le fait que les méthodes d'ondes électriques ont détruit Nicola ne ressort que peu, alors que c'est un des points abordés apr l'auteur dans sa note d'intention.. Les passages dans l'asile souffrent malheureusement de la volonté permanente de poésie. Mais le film mériterait une deuxième vision, pour le voir à l'aune de la révélation finale, qui apporte un éclairage neuf sur l'ensemble (et qui serait susceptible de modifier cet avis mitigé). Pour autant, je vous conseille de voir cette oeuvre originale et de vous faire votre propre avis, car elle sort des sentiers battus.
Un sincère remerciement à Emilie Bramly, qui m'a permis de voir de voir ce film, et même d'assister à une séance de
rattrapage (car j'ai parfois du mal à lire les adresses) !