Ali et Nasser sont deux habitants d'une cité de la banlieue lilloise. Ali, qui a grandi dans une famille musulmane, essaie de s'intégrer dans la
société française. Il mène des études techniques assez poussées, et veut suivre le chemin de son frère aîné, qui a réussi à être reconnu dans le quartier par ses valeurs humanistes.
Malheureusement, les échecs dans sa recherche de stage l'amène vers des chemins radicaux. A ses côtés, Nasser est paumé. Viré de chez sa soeur, il trouve refuge auprès de Djamel, un arabe
charismatique, intelligent, qui pense que le seul moyen pour les musulmans de s'imposer est la lutte armée. Petit à petit, avec Djamel, Hamza, le gaulois converti, Nasser, le paumé et Ali le
revanchard montent un plan pour faire connaître leurs revendications.
Le film de Philippe Faucon est un film violent. Non pas tant par ce qu'il montre (pas d'images sanguinolentes), mais par ce qu'il décrit. La désintégration est celle de ces jeunes français, de parents étrangers venus en France, et qui aujourd'hui ne trouvent plus de place dans cette société. Le jeune Ali (incarné par Rashid Debbouze, très convaincant) est le symbole de cette génération. Il s'est accroché, est sur le point d'obtenir son diplôme mais tout est remis en cause car il éprouve les pires difficultés pour déécrocher un stage. Son nom et son faciès ne le favorisent pas, et il prend alors violemment conscience que la tolérance dans laquelle il a été élevé n'est pas partagée par tous.
Le film, assez didactique, a plusieurs mérites. D'abord, autour de Djamel (Yassine Azzouz, angoissant au possible), l'intellectuel qui donne des ordres et manipule ces jeunes qui pour lui ne sont rien d'autres que des armes humaines, les jeunes embarqués sont très différents. Trois parcours, trois personnalités. Il est d'ailleurs un peu dommage qu'on n'en sache pas plus sur Hamza (Ymanol Perset), le recent converti à l'islam, qui voue une haine profond aux français de souche. L'autre point positif est de montrer que certains réussissent à s'intégrer dans cette société pleine d'adversité. C'est notamment le cas de la famille d'Ali, avec ce grand frère qui ne comprend pas pourquoi son frère tombe dans ce radicalisme religieux (Kamel Laadaili). Le personnage de la mère d'Ali, femme de ménage, est également très intéressant. Femme qui suit les préceptes de la religion, elle accepte doucement que ses enfants ne suivent pas la même voie qu'elle. La rencontre avec sa belle-fille, non musulmane, est d'ailleurs l'occasion d'une belle scène. Zahra Aiddaoui, dont c'est le premier film, donne à ce personnage un grande profondeur.
La désintégration est donc un film dur, qui montre une image peu agréable de notre société. Mais le scénario de Philippe Faucon et la multipliciité des points de vue rend cette chronique tout à fait digne d'intérêt. Un film à découvrir.