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6 décembre 2009 7 06 /12 /décembre /2009 08:12

Ce n'est pas mon amour pour le cheval, très modéré par ailleurs, qui m'a donné envie de lire ce roman (ou plutôt ce récit /essai). C'est le nom sur la couverture, Jérôme Garcin. Oui, celui qui tous les dimanche soir, occupe le transistor avec son émission Le Masque et la Plume. Emission envers laquelle j'étais sceptique au début, mais que je prends aujourd'hui beaucoup de plaisir à écouter (le parisianisme m'a vaincu !!!). Parfois de mauvais foi mais souvent de bon conseil, je vous conseille de vous brancher sur France Inter le dimanche à partir de 20h, ou mieux, d'assister à un enregistrement (c'est un vrai spectacle !).


Mais revenons-en à cette chute de cheval. La chute, c'est celle que fit le père de Jérôme Garcin dans la forêt normande et qui lui coûtât la vie. Editeur, il vivait sa vie entre Paris et Normandie, entre livres et cheval. Le jeune Jérôme (il a 17 ans quand son père meurt) prend alors en grippe le monde hippique, et décide de ne plus monter à cheval. Il s'y tiendra pendant vingt ans, avant que l'amour de l'animal prenne le pas sur les souvenirs douloureux.


Cet ouvrage, composé de treize chapitres, aborde le monde du cheval sous des angles extrêmement divers, et souvent très intéressants. Certains chapitres sont centrés sur la vie de l'auteur et sa relation au cheval et à la campagne. Le premier chapitre est ainsi une déclaration d'amour aux haras, aux hommes qui font vivre le pays d'Auge, terre historique de l'hippisme. Un passage est consacré aux chevaux qu'il a monté, et qui ont marqué sa vie de cavalier. Le livre se clôt par une description des habitudes de Jérôme Garcin dans le monde littéraire, qui a pris ses distances avec les mondanités pour se consacrer à sa passion.

Ensuite, Jérôme Garcin nous raconte ses rencontres, notamment celle avec Bartabas, au fort d'Aubervilliers, personnage qui l'impressionne beaucoup, notamment par son refus de la compromission avec toute forme d'institutionnalisation culturelle (parfois outrée, mais il a le mérite de défendre ses idées). Il décrit sa visite au Cadre Noir de Saumur, dont il regrette la splendeur passée, et montre l'opposition entre l'art défendu par Bartabas et la conception du cheval qui prévaut à Saumur.


Deux chapitres m'ont fortement intéressé. Le premier est celui consacré à Géricault, cavalier passionné, qui à la fin de sa vie ne pouvait plus monter à cheval à cause de différentes chutes. Le paradoxe, selon Jérôme (oui, je l'appelle par son prénom), c'est que Géricault est connu pour Le radeau de la Méduse, alors qu'il adorait peindre le chevaux, que c'était cela, sa vraie passion.


L'autre chapitre encore plus édifiant s'intitule : « L'autre bataille d'Hernani ». Cette bataille concerne, à la même époque que la querelle littéraire, les partisans d'une manière forte pour mener un cheval, à ceux qui préfèrent des formes nouvelles de conduite, beaucoup plus douces et prenant en compte le cheval. Cette deuxième vision, défendue par François Baucher, ne sera pas retenue par la hiérarchie militaire, mais imprègne les comportements des cavaliers d'aujourd'hui. Cette querelle hippique entre les Anciens et les Modernes est tout à fait intéressante, et très bien racontée.


Bref, alors que je n'ai que très peu de passion pour le cheval et que le monde dans lequel évolue Jérôme Garcin m'est assez lointain (un monde où on met des « gants beurre frais » !), cet ouvrage, à la fois essai et récit, est une belle réussite. On se prend d'amitié pour l'auteur, pour ces animaux pour lesquels il éprouve de la tendresse mais dont il sait très bien la destination finale, l'abattoir. Et en racontant cela, sans trémolos ni pathos, on sent toute l'affection qu'il a pour les chevaux. Et cet ouvrage m'a aussi souvent fait ouvrir le dictionnaire, que ce soit pour des termes hippiques (assiette, avant-main) ou littéraires (comme stylobate ou phratrie, qui ne faisaient jusqu'à présent pas partie de mon vocabulaire !).

 

La chute de cheval, de Jérôme Garcin

Ed. Gallimard

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commentaires

P
<br /> Je viens d'achever "la chute de cheval".Mon mari est jockey, mon bau pere etait jockey, mon père commercait des chevaux, nous vivons avec des chevaux, mes filles montent à cheval. Depuis ma<br /> naissance les chevaux sont pour moi un amour et une souffrance qui m'isole du reste du monde, une passion indescriptible.<br /> <br /> <br /> Monsieur Garcin a su l'écrire. C'est exceptionnel, je voudrais qu il le sache.<br />
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Y
<br /> <br /> Alors que je n'ai pas un amour particulier pour les chevaux, j'ai été fortement marqué par cet ouvrage. Et pour exprimer votre émotion à Jérôme Garcin, le plus simple est de lui écrire par le<br /> biais du Masque et la Plume, l'émission qu'il anime sur France Inter tous les dimanches.<br /> <br /> <br /> <br />
D
<br /> Bravo pour ce blog! Je vous convie à venir découvrir le mien. Merci, Pascal Djemaa, journaliste.<br /> <br /> <br />
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