Aucune hésitation, André Gide est un auteur essentiel du début du XXe Siècle. Il a contribué à la vivacité de la littérature française par ses écrits et a été récompensé par un prix Nobel
en 1947. Je garde un bon souvenir de cet ouvrage mystérieux qu'est Les faux-monnayeurs et l'image d'un train inquiétant dans Les caves du Vatican. Pour cette troisième lecture
de Gide, je me suis plongé dans L'immoraliste. Une rencontre moins passionnante, mais qui livre des enseignements sur la société du début du XXe Siècle.
L'histoire est celle de Michel. Historien, il n'a vécu que pour le savoir et la culture, niant son corps et l'activité physique. A la mort de son père, il épouse Marcelline. C'est un mariage pour répondre aux dernières volontés de son père et non un mariage d'amour. Lors d'un voyage en Tunisie, Michel tombe malade : la tuberculose. Pour se soigner, il prend soin de lui, de son corps, prend son temps et jouit de la vie. Son existence est bouleversée par cette épreuve, puisqu'il laisse peu à peu de côté tous ses savoirs pour s'occuper de lui, au point d'en oublier totalement sa femme.
Le personnage de Michel est le centre du roman. C'est un être qu'on imagine faible au début du roman, un rat de bibliothèque qui ne parvient pas à penser autrement que par les livres qu'il lit. Son évolution est dépeinte de façon très précise. Ce sont d'abord en Tunisie de jeunes garçons qui lui donnent goût à la vie. Il s'amuse de les voir jouer, venir prendre de ses nouvelles. Puis, en Normandie, dans sa maison de campagne, il se prend d'amitié pour le fils du gardien. Mais toutes ces personnes, qu'il retrouvera plus tard, le décevront. Il n'accepte pas que les autres vieillissent, il donne l'impression de vouloir conserver les choses en l'état pour continuer d'en jouir, sans aucune considération pour eux.
C'est certainement cet aspect là de Michel qui donne son titre au roman. Il devient de plus en plus égoïste, ne prend aucun soin des autres et se moque totalement de la maladie de sa femme, mal en point après une fausse couche. Néanmoins, il est indéniable que ce roman a vieilli, plus que les autres œuvres de Gide dont j'ai parlé au début. On retrouve des thèmes fréquents chez Gide (l'homosexualité, notamment), mais je n'y pas retrouvé le mystère des autres romans. C'est ici un examen presque clinique d'une pathologie mentale que nous offre Gide, avec la froideur qui y correspond. Froideur accentuée par le fait que l'histoire de Michel est racontée a posteriori, dans une lettre. Ce n'est pas pour autant un mauvais roman, mais je trouve que ce n'est pas le meilleur pour débuter avec cet auteur. J'ai également pu lire que l'ouvrage répond à La porte étroite, autre roman de Gide, qu'il a écrit en même temps. Je sais donc ce qu'il me reste à faire.
Lu dans le cadre du 12 d'Ys
L'immoraliste d'André Gide
Ed. Le livre de Poche