Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
15 avril 2011 5 15 /04 /avril /2011 07:25

horizon.jpgDès la première phrase du roman, le ton est donné : Jean Bosmans se souvient de sa jeunesse. C'est ce lien avec un passé révolu, parfois momentanément oublié, que décrit Patrick Modiano dans L'horizon.

 

L'objet qui occupe le plus les pensées de Bosmans, c'est Margaret Le Coz. Une jeune femme, qui malgré les apparences de son nom, est née à Berlin. Il se rémémorre les soirées passées avec ses collègues de bureau, de drôles de gars un peu louches. Retrace peu à peu leur histoire commune, il y a 40 ans, dans un Paris oublié. Son appartement dans le 15eme arrondissement, celui de Margaret à Auteuil. Les différents employeurs de la jeune femme, gouvernante avant qu'elle travaille dans un bureau : un professeur et sa femme avocate du côté de l'observatoire, le docteur Poutrel et Yvonne Gaucher, avenue Victor Hugo.

 

Mais ce qui lie profondèment Bosmans et Margaret Le Coz, c'est la peur viscérale qu'ils ont de rencontrer, par hasard, des fantômes de leur passé. Pour Margaret, c'est un homme à cause duquel elle est partie d'Annecy. Une crainte mystérieuse, l'homme n'ayant jamais été virulent envers elle, mais une crainte présente. Pour Bosmans, il redoute de croiser sa mère aux cheveux rouges et l'homme aux allures de prêtre défroqué qui l'accompagne. A chaque fois qu'il a eu le malheur de les voir, il n'a pas su résister à leur demande pressante d'argent. Depuis, il fait tout ce qui est en son pouvoir pour leur échapper.

 

Sur fond de secret et de volonté de se cacher, Patrick Modiano signe un roman très intéressant sur la liaison au passé et aux souvenirs. Est-il possible que des paroles, prononcées il y a 40 ans, aient totalement disparu ? Comment Bosmans peut-il renouer avec une période disparue, celle où il travaillait dans une librairie spécialisée dans l'ésotérisme, et qui marque pour lui une forme d'âge d'or qui a pris fin sans qu'il s'en rende vraiment compte. Et peut-on reprendre la main pour renouer avec des événements et des relations aussi anciennes ? Avec une écriture très fluide, Modiano (que je découvre pour l'occasion) propose une escapade parisienne dans les souvenirs d'un homme ordinaire, escapade que je suis assez content d'avoir effectué avec lui et ses amis d'antan.

 

Les avis d'Emeraude, Loïc, Plaisirs à cultiver (tous emballés par le style Modiano), Mazel (plus circonspecte)

 

L'horizon, de Patrick Modiano

Ed. Gallimard

Partager cet article
Repost0

commentaires