Ah ! Comme il est difficile de parler de ce film ! Non pas parce qu'il y en a
rien à dire, mais plutôt parce qu'il y a tellement de choses à évoquer dans Il était une fois en Amérique qu'un simple billet est loin d'être suffisant. Ce film de Leone, sorti en 1984,
d'une durée de 3h45, est un véritable chef d'oeuvre, qui, comme d'autres films de cette trempe, fut un échec lors de sa sortie. Aujourd'hui, il retrouve le rang qui lui est dû, et qu'il n'aurait
jamais dû quitter. Allons-y pour quelques éléments, mais ce sera vraiment succinct.
A New York, dans les milieux juifs et mafieux, la contrebande bat son plein. Le milieu est dirigé d'une main de
maître par Noodles et Max, qui avec l'aide de Cockeye et Patsy, conduisent toutes les opérations de fabrication et de distribution de l'alcool prohibé. L'amitié entre Max et Noodles,
les deux hommes forts, remonte à loin : jeunes déjà, ils s'aidaient dans les coups durs, et faisaient régner leur loi sur le quartier. Mais les amitiés d'enfants sont toujours mises par à mal par
les évolutions des adultes, dont les idéaux peuvent diverger...
A travers trois périodes, présentées de manière non-chronologique, Leone réussit à dépeindre avec une virtusioté et un dynamisme époustouflant la vie de ce quartier et de ce groupe.
Enfants, on suit les débuts des émois sexuels de Noodles, qui se cache dans les toilettes pour espionner Déborah, la fille du cafetier, quand elle répête ses pas de danse, ou d'un autre enfant
qui veut échanger une pâtisserie contre les attentions d'une jeune fille, mais ne peut résister à la tentation d'engloutir la gâteau (une des plus belles scènes du film). On découvre comment les
liens se nouent, comment la lutte contre l'adversité cimente une amitié indéfectible. Surtout, la violence de cette époque est constamment présente, dans ces milieux où tout est permis et où les
policiers sont tournés en ridicule, surtout quand ils se font prendre dans les bras d'une jeune fille qui monnaye son corps et ses faveurs.
Adultes, on découvre les méthodes de ces hommes qui arrivent à faire valoir leurs intérêts à la fois dans les entreprises prohibées, mais également à faire d'un syndicaliste un pantin qui servira
toutes leurs activités. La tension est constamment présente, et Leone la rend encore plus palpable en faisant durer les sons, en saturant l'espace sonore, comme avec ce téléphone qui lance
véritablement le film, ou cette cuillère qui tourne sans fin dans une tasse, rendant l'intervention de Noodles encore plus forte. A l'aspect film d'action et presque policier (mais où est passé
l'argent ?), Leone ne néglige pas l'aspect romantique et sentimental du film, avec notamment une séquence magnifique dans laquelle Noodles invite Déborah dans un hôtel, ouvert spécialement pour
lui et dans lequel il a fait venir un orchestre. Les scènes de danse, ou celles sur la plage, sont magnifiques et tristes.
Et en plus de cela, le dénouement du film est également totalement inattendu, avec une confrontation finale de toute beauté et une conclusion sur un camion-poubelle (surprenant, n'est-ce
pas !) qui permet des interprétations différentes. Bref, c'est un film merveilleux, qui joue sur tous les registres pour atteindre son but (car même le comique est présent, comme dans la
scène de l'hôpital devant laquelle la vie est un long fleuve tranquille paraît un enfantillage).
A cela, il convient d'ajouter des acteurs assez fascinants, et au premier rang desquels Robert de Niro. En incarnant Noodles, jeune homme ayant connu la prison mais qui s'oppose aux méthodes
violentes prônées par Max, il arrive à donner à ce personnage une dimension impressionnante. Face à lui, on trouve un excellent James Woods, qui incarne un Max sans scrupules, usant et
abusant de son pouvoir pour obtenir de l'argent et des femmes. Tous les autres rôles sont également très réussis, mais j'ai une tendresse particulière pour Deborah, jouée par Elizabeth McGovern,
dont ce fut malheureusement le seul rôle important au cinéma.
Il convient également de mentionner la musique de Morriconne, qui comme dans beaucoup de fims de Leone, est devenue indissociable du film.
Voilà donc un film à voir au moins une fois dans sa vie, mais je suis ûr qu'une fois que vous y aurez goûté, vous aurez un goût de trop peu. Et si vous pouvez le voir au cinéma, je vous garantis
que les 3h45 passent comme une lettre à la Poste, tellement l'ensemble est prenant et saisissant. Ahhh, quel film !
Le billet de Pascale (qui y a justement regoûté il y
a peu)