Dans le Périgord, pendant la seconde guerre mondiale. Soeur Luce s'occupe à l'hôpital des blessés, français ou allemands victimes des
attaques des résistants. Un jour, elle est emmenée dans la campagne environnante par le chirurigen, sur les ordres de l'évèque, pour signer un résistant touché par une balle. Le blessé, un homme
d'église en plein questionnement sur sa foi, devient pour la jeune femme l'objet d'un amour qui n'est pas réciproque. Ce désir non partagé va être à l'origine de la chute des deux
protagonistes.
Le sujet du film est puissant : comment concilier la foi, l'amour de Dieu, et le désir physique, contre lequel on s'est battu toute sa vie ? C'est le dilemme qui se pose à Luce, qui ne saura pas résister à la nouveauté qu'incarne Martial. Pour Martial, le dilemme que lui pose sa foi est différent : comment continuer à être croyant quand on combat physiquement l'ennemi ?
De ces deux dilemmes, malheureusement, Jean-Pierre Denis (réalisateur du très touchant La petite chartreuse) n'arrive pas faire un film complet. La première partie, une longue et grande exposition, ressemble à un téléfilm. Téléfilm de qualité certes mais qui n'arrive pas à rendre compte des tourments des deux personnages principaux. Les décors sont assez réussis, mais presque trop propres, et la tension du groupe de résistants n'est pas très palpable.
Tout cela s'améliore lorsque les personnages sont ravagés, détruits par cette relation impossible. C'est surtout le personnage de Luce qui est au coeur du sujet. Tiraillée par son amour charnel, elle est prête à tout pour l'assouvir, quitte à enfreindre les règles du couvent. Et lorsqu'elle comprend qu'elle est seule à éprouver les sentiments, elle ne résiste pas et cède face aux pensées les plus basses. Elle assume néanmoins jusqu'au bout ses choix, non pas pour devenir une icône, mais car elle est persuadée que c'est par ce moyen qu'elle arrivera à faire comprendre ses actes.
Le traitement du film est donc très classique, et le sujet inspiré d'une histoire ayant eu lieu pendant la seconde guerre. Mais le film ne parvient pas à passe outre son sujet, très fort. Lors de la rencontre qui a suivi la projection, il était d'ailleurs assez frappant de noter que Jean-Pierre Denis évoquait constamment le sujet, qu'il estimait trop abracadrant, un peu comme s'il ne se faisait pas confiance pour le rendre crédible. Loin d'être raté, le long-métrage vaut aussi pour la découverte de Céline Sallette, qui tient le rôle de Soeur Luce avec une aisance et un naturel assez confondant.