[Billet déjà paru sur Biblioblog] Gustave Flaubert est connu pour son gueuloir, ses brouillons
raturés, travaillés encore et encore, ainsi que son retrait du monde dans sa maison de Croisset. Dans cette biographie, l'auteur centre son étude sur la jeunesse de Flaubert : son entrée en
littérature contre le vœu de son père, son voyage initiatique dans le Sud de la France, ses relations avec les femmes,... Une image assez éloignée de celle qu'on a actuellement de ce grand
auteur.
En de courts chapitres, on découvre l'enfance de l'auteur et ses expériences. L'auteur accorde une place importante aux histoires amoureuses qui n'ont pas été très concluantes. La découverte de l'acte sexuel lors de ce voyage dans le Sud ne peut faire oublier un amour contrarié dans sa jeunesse.
Élève sérieux, discret et aimé de ses professeurs, il n'hésite pas à mener la fronde contre l'un d'entre eux auprès du proviseur. Flaubert est alors armé, au lycée, d'un caractère fougueux et téméraire qu'il abandonnera par la suite, lorsqu'il se consacre à la littérature à plein temps. Car si son père, chirurgien, souhaite que Gustave lui succède dans sa discipline, ce dernier ne partage pas les mêmes ambitions. Il s'inscrit en droit, mais cette concession aux volontés paternelles n'est pas concluante car il échoue à tous ses examens. En parallèle, Flaubert écrit, notamment dans des revues. Il est d'ailleurs le créateur de l'une d'entre elles, lorsqu'il est au lycée. On découvre donc comment Flaubert a fait ses armes en écriture, par des nouvelles qu'il tente de faire publier dans divers endroits. Il s'essaie également au théâtre, mais son expérience est un échec très net. On quitte Flaubert au seuil de l'âge adulte, alors qu'il n'a encore aucune réussite littéraire.
Et c'est un peu la limite de cet exercice. On se contente de la jeunesse de l'auteur, comme si l'idée sous-jacente est que les événements qui ont émanés celle-ci étaient nécessaires et suffisants pour comprendre l'œuvre de Flaubert. Si sa relation amicale avec Du Camp ou d'autres événements ont en effet une influence, je trouve néanmoins dommage de se limiter à cette partie de la vie de l'auteur. Car son véritable travail d'écrivain, qui aboutira à Madame Bovary ou Salammbô, est simplement évoqué en post-face. Insister sur des écrits de jeunesse, pour la plupart introuvables ou jugés pas très bons, ne me paraît pas la meilleure manière d'aborder le travail de l'auteur. Maintenant, cet ouvrage a au moins l'intérêt de montrer que même les plus grands auteurs classiques ont mis du temps avant d'atteindre le niveau d'excellence qui fut le leur.
Gustave Flaubert à 20 ans, de Louis-Paul Astraud
Ed. Le Diable Vauvert