Mi-janvier, au cinéma, c'est festival Télérama. C'est à dire l'occasion, pendant une semaine, de (re)voir les meilleurs films de l'année écoulée, selon la rédaction du magazine. Cette année, sur les 15 sélectionnés, j'en avais vu 11, et la sélection me parait assez logique (un petit regret pour l'absence de Melancholia, et une légère incompréhension face au succès des Bien-aimés). L'occasion de voir deux films laissés de côté au cours de l'année, Drive et Black swan. Deux films que j'ai vu avec un certain plaisir, mais sans un grand enthousiasme.
Drive, c'est l'histoire d'un chauffeur, cascadeur et garagiste le jour, client de truand la nuit. Sa vie solitaire et ordonnée est dérangée lorsqu'il fait la rencontre d'Irene, sa
voisine. Elle élève seule son fils, et attend la sortie de prison de son mari. Notre chauffeur se prend d'amitié pour la famille et lorsqu'il arrive malheur au mari d'Irene, il décide de le
venger.
Le film me laisse une impression mitigée. Il y a des moments très réussis, où le sens de la mise en scène de Nicolas Winding Refn et le jeu tout en retenue de Ryan Gosling sont éblouissants (les plans sur son poing qui se ferment sont très réusssis). C'est notamment le cas lors de la scène d'ouverture, poursuite en voiture loin de tous les codes habituels et qui lance le film sous de bons auspices. Malheureusement, le scénario est faiblard, et la mise en scène abuse d'artifices trop voyants pour totalement m'embarquer. Je pense que je suis assez allergique aux ralentis ou aux choix de montage accentués, et Winding Refn choisit ici cette option, malheureusement pour moi. La violence est assez esthétisée et a fini par me mettre mal à l'aise. Un film prometteur, mais qui aurait gagné à une intrigue un poil plus épaisse (ici, on reste sur une banale histoire de vengeance) et à une mise en scène plus sobre.
Black Swan est d'un autre acabit. Darren Aronofski plonge le spectateur dans un film qui lorgne vers le film d'horreur. L'histoire est celle de Nina, danseuse qui rêve
d'incarner un grand rôle du répertoire. L'opportunité lui est offerte par Thomas Leroy, qui veut qu'elle incarne le cygne blanc et le cygne noir du lac des Cygnes. Mais la schizophrénie du rôle
s'empare peu à peu de son interprête.
J'ai plus apprécié Black Swan que Drive, sans être totalement convaincu non plus. Outre l'avantage de pouvoir entendre Tchaikovski pendant presque deux heures (tous les extraits musicaux font référence aux musiques du ballet), j'ai trouvé la progression du film assez intéressante. Le démarrage est assez classique, puis on tombe peu à peu dans la folie du personnage. Ce qui relève du rêve ou de la réalité n'est d'ailleurs toujours compris qu'a posteriori, et ce parti pris m'a bien plu. Après, si Natalie Portman est formidable dans le rôle de Nina, le personnage de la mère possessive et étouffante est très attendu, et celui du metteur en scène manipulateur également peu original (Vincent Cassel). Une attention portée aux seconds rôles et à leurs caractères aurait apporté un peu plus de subtilité au film. Mais le final, avec la transformation physique de Nina, est à couper le souffle.