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4 janvier 2011 2 04 /01 /janvier /2011 07:42

cotton point

1954. Dans la petite ville de Cotton Point, Géorgie, Paris Trout est l'épicier que tout le monde connaît. Outre la vente de produits, il est prêteur aux noirs qui ont des envies d'achats un peu trop onéreux. Mais l'argent qu'il laisse aux autres, il est prêt à tout pour le reprendre. Et lorsque Henry Ray demande à Paris de reprendre la voiture qu'il vient d'acheter et qui est accidentée, Paris Trout voit rouge. Il fait une descente chez Henry Ray, et la simple visite pour faire peur se transforme en carnage. Sur le carreau reste Rosie Sayers, jeune noire de 14 ans, alors que Mary McNutt, la mère du foyer, est grièvement blessé.

 

Avec un tel début de récit, on peut s'attendre à un grand roman policier ou noir, et Pete Dexter prend le lecteur au dépourvu en lui proposant la description d'une ville rongée par le racisme et la corruption. Car d'enquête, il n'y a en pas : tout le monde sait que Trout est le meurtrier, mais personne ne souhaite le déranger, car chacun connait son caractère sanguin et incontrôlable. Au premier rang de ceux qui n'osent pas le bousculer, il y a son avocat, Harry Seagraves, et son épouse Hanna. Même si la seconde aura le courage de quitter le foyer conjugal, elle doit se faire violence pour faire face à son mari.

 

Mais ce qui est assez étouffant dans ce roman, c'est l'impunité dont bénéficie Trout. Il lui suffit de quelques billets pour échapper au pénitencier, et il donne l'impression de maîtriser tout ce qui se passe dans la ville. Pourtant, son aspect irrationnel cache des problèmes plus importants que présagés. Et c'est contre tous ces secrets que Seagraves, Hannah et les autres doivent lutter, bien souvent en vain.

 

Pete Dexter signe là un roman très fort, glauque au possible, dans lequel aucun soupçon d'optimisme n'est visible. Même les plus jeunes, revenus en ville, sont happés par ce personnage hors norme, qui rejoint dans mon panthéon des grands affreux de la littérature américaine le Prêcheur de La nuit du chasseur ou le shériff minable de 1275 âmes. Son côté machiavélique en fait un grand personnage littéraire, représentant la ville raciste et corrompue dans laquelle il vit.

 

Les avis de Dédale, de Mogasse, de Sylvie

 

Cotton Point, de Pete Dexter

Traduit de l'anglais par Anny Amberni

Ed. de l'Olivier

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commentaires

I
<br /> <br /> J'aime beaucoup cet auteur dont il me reste encore Train dans ma PAL. Le titre original de ce roman ne serait pas Paris Trout ? Il me semble que l'histoire me rappelle quelque<br /> chose...<br /> <br /> <br /> <br />
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Y
<br /> <br /> Effectivement, on ne peut rien te cacher, le titre original est Paris Trout. Tu as donc déjà dû lire le roman ;-)<br /> <br /> <br /> A noter qu'il sort un nouveau roman en ce moment !<br /> <br /> <br /> <br />
C
<br /> <br /> ah ne pas lire quand on n'a pas le moral alors...!!!<br /> <br /> <br /> <br />
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Y
<br /> <br /> Non, il vaut mieux avoir un minimum confiance dans la nature humaine, en lisant ce roman !<br /> <br /> <br /> <br />
Y
<br /> <br /> Je suis assez preneuse de grands affreux et celui-là me semble à point. Noté cet auteur en général, pourquoi pas avec ce titre.<br /> <br /> <br /> <br />
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Y
<br /> <br /> Auteur découvert grâce à un ami, et Paris Trout est un bon gros méchant affreux, qui je pense devrait te plaire. Je ne connais pas les autres titres, mais celui-ci devrait te satisfaire  ;-)<br /> <br /> <br /> <br />