C'est un court texte, une soixante de pages seulement; Ce texte, c'est une phrase, attrapée au vol et qui ne se terminera qu'avec le point
final. Cette phrase faite de disgressions, d'incises, de changements de ton raconte l'histoire d'un jeune homme, dont on ne connait pas grand chose. Sauf qu'il avait un frère, qu'il vivait de
petits boulots et qu'il est mort dans la réserve d'un supermarché, tabassé par quatre vigiles pour avoir bu une canette de bière dans les rayons.
Cette histoire est tirée d'un fait divers sordide qui s'est passé à Lyon, en 2009. Laurent Mauvignier s'en empare, et loin du documentaire, signe un texte poignant, touchant, émouvant. En alternant récit de ce moment d'horreur et la victoire de l'arbitraire, suppositions sur ce que pouvait être la vie de ce jeune homme et réflexions sur la condition humaine. Un livre dont on ne sort pas indemne, tant le fait divers à l'origine du récit est abject et tant l'écriture de Mauvignier rend le côté horrible de cette situation.
A noter que le texte sera adapté au théâtre dans quelques jours, du 12 au 22 avril. Ce sera au Studio-Théâtre, la petite
salle de la Comédie-Française, avec Denis Podalydès, qui met également en scène.
L'avis de Dédale
Ce que appelle oubli de Laurent Mauvignier
Ed. de Minuit