A Bulbus, il fait froid, la vie est tranquille, sans surprise, depuis que les bus ont cessé de circuler et qu'il est impossible de gravir la montagne. Pour les quatre habitants du
village, enfermés là, les journées se passent autour de la piste de curling, à ressasser le passé, et à rêver à des histoires d'amour impossible. Alors, quand deux jeunes gens arrivent au
village, l'un en bus, l'autre pour faire un reportage, le village retrouve de la vie. Enfin, devrait, car l'agitation provoquée par les nouveaux venus n'arrive pas jusqu'aux spectateurs, aussi
glacés que les habitants de Bulbus.
Sur le fond, la pièce d'Anja Hilling, n'est pas inintéressante. Elle m'a fait penser aux rats-kangourous d'Estelle Nollet, avec cet enfermement d'individus arrivés là pour des raisons diverses, mais toujours à cause d'une faute qu'ils tentent d'oublier. Si la pièce a sa logique, elle est malheureusement trop narrative par endroit, et l'ouverture avec un long monologue n'est pas la meilleure entrée en matière qu'on puisse imaginer.
Le problème, c'est que l'aspect statique du début n'est jamais remis en cause dans la suite de la pièce. Daniel Jeanneteau, le metteur en scène, fait le choix d'une en scène très (trop) sobre, et jamais la vie, l'émotion ou la douleur des personnages n'atteignent le spectateur. Quelques tentatives (une scène de patinage, un bus dans le décor, avec Dominique Frot) m'ont brièvement réveillé, mais cela reste trop décousu, trop hétérogène pour emporter l'adhésion. Un spectacle glaçant dans un monde glacé, c'est un peu trop en cette période de températures polaires.