Je crois que je commence à accepter ce que j'avais du mal à faire jusque-là : abandonner un livre dont je sens que la lecture sera longue et laborieuse. C'est exactement ce que j'ai fait
avec le dernier roman d'Elisabeth Jacquet, dont je n'ai malheureusement pas eu le courage de poursuivre la lecture.
Pourtant, le titre, évoquant Flaubert et sa fameuse phrase au sujet de Emma Bovary a l'avantage de me séduire à peu de frais. Bien que ne connaissant pas Anna Karénine, je m'imaginais pouvoir plonger dans le roman sans trop de difficulté. Pourtant, les obstacles furent nombreux et parfois inattendus.
Car l'idée d'Elisabeth Jacquet est de raconte la vie d'Alice Quester, jeune femme qui aime tracer des parallèles entre l'existence qu'elle mène et celle d'Anna. Plus largement, elle cherche dans le comportement de ses proches les caractéristiques des personnages de Tolstoï, et plonge même dans la biographie de l'auteur russe. Mais sa présentation des passages d'Anna Karénine ressemble trop à des résumés un peu scolaires pour être embarqué. Surtout, n'ayant pas lu le roman initial, j'avais l'impression de découvrir rapidement une histoire qui originellement prend le temps de s'installer. Ici, en quelques lignes, les amours et les hésitations d'Anna sont évacuées.
Mais le souci principal que j'ai rencontré dans ma lecture ne vient pas de là. Ce qui m'a finalement poussé à jeter l'éponge, c'est la narration et l'écriture très hachée utilisée par l'auteur. J'avais l'impression de lire de courts paragraphes, me faisant sauter d'un personnage à l'autre sans que j'ai le temps de m'y intéresser vraiment. Au final, ce sont des ombres, et la confusion et la résignation l'ont emportée sur mon envie de continuer cette lecture.
Je n'aurai peut-être pas parlé de ce roman si je ne l'avais pas reçu dans le cadre de Masse critique, mais puisque la règle du jeu veut que le livre est envoyé contre un billet, je ne me suis pas posé trop de questions. Mais autant dire que celui ou celle qui veut ce livre n'a qu'à se signaler, je serai ravi de le lui envoyer, afin de donner une nouvelle chance à ce roman dans les mains d'un ou d'une autre.
Anna Karénine, c'est moi, d'Elisabeth Jacquet
Ed. Philippe Rey