Monter une tragédie classique est loin d'être d'une grande facilité. Muriel Mayette a choisi Andromaque pour entrer dans l'œuvre de Racine. Mais la vision de la pièce illustre
le fait que si tout n'est pas au même niveau, l'impression est globalement positive, mais la pièce ne crée pas un enthousiasme débordant.
Petit retour sur l'intrigue. Au retour de la guerre de Troie, Andromaque, femme d'Hector, est prisonnière de Pyrrhus, fils d'Achille. Mais pour les fils des héros, la vie amoureuse est complexe. Car Oreste aime Hermione, qui aime Pyrrhus, qui aime Andromaque. Ce cercle d'amour impossible est ici au coeur de l'intrigue.
Muriel Mayette choisit un cadre très classique pour la pièce. Dans un décor assez dépouillé (quelques colonnes grecques), les héros luttent, entre l'amour qu'ils ont les uns pour les autres et les raisons d'Etats de ces enfants des héros grecs. Car c'est un des éléments très intéressants de la pièce : on ne s'attache pas aux héros de la guerre, mais à ce qui ont vécu dans leur ombre. Andromaque, femme d'Hector, n'arrive pas à oublier l'image de son mari traîné aux pieds des remparts de Troie. Et l'amour que lui porte Pyrrhus, fils d'Achille le meurtrier de son mari, est pour elle inconcevable. Mais pour sauver son fils Astyanax, elle décide de se plier aux volontés du vainqueur. Hermione est elle la fille d'Hélène et de Ménélas, et Oreste, le fils d'Agamemnon. On sent donc comment les jeux de pouvoir et les conséquences de la guerre de Troie influent les destins des descendants.
Le problème que j'ai trouvé à cette mise en scène, encore une fois très classique, avec des personnages hiératiques et fidèles aux images que je me fais du théâtre racinien, c'est un problème au niveau d'un des personnages, Oreste. Cécile Brune mais surtout Eric Ruf et Léonie Simaga, qui incarnent respectivement Andromaque, Pyrrhus et Hermione, sont très convaincants dans la représentation de leurs dilemmes. Chacun est traversé par des sentiments contraires, doit faire avec, et les acteurs font bien voire très bien ce qu'ils ont à faire. Pour Oreste, interprété par Clément Hervieux-Léger, je suis plus sceptique. Même s'il est évident que son homme de compagnie n'est pas qu'un simple conseiller et en souhaite plus, je n'ai pas senti chez lui l'amour qu'il porte à Hermione, et les affres dans lequel doivent le plonger les péripéties amoureuses de cette dernière. Peut-être est-ce un contrepied à d'autres interprétations beaucoup plus outrées du personnage, mais ce n'est en tout cas pas une réussite pour le spectateur. Surtout, l'impression finale est assez mitigée, puisque c'est Oreste qui clôt la pièce.
Cette mise en scène de Muriel Mayette est très fidèle à ce que je pouvais attendre de la Comédie-Française en ce qui concerne Racine, mais c'est dommage que l'ensemble n'est pas été plus enthousiasmant, car cela tient à vraiment pas grand chose.
Autre pièce de Racine : Bérénice