1917. Paul a décidé, avec quelques camarades, de quitter le collège et de s'engager dans l'armée
allemande. Un de leur professeur, par son discours militariste et patriotique, les a poussé à prendre part à cette grande guerre qui oppose l'Allemagne à la France et l'Angleterre. Les jeunes
feront donc l'apprentissage douloureux de la guerre, dans tous ses aspects.
Remarque signe avec ce roman une très belle et pathétique fresque de cette jeunesse qui a été sacrifiée sur les fronts de la Somme ou des Flandres. En prenant le parti de suivre des jeunes gens, il accentue l'aspect scandaleux de cette guerre, car hormis quelques moments de détente, ces jeunes-là y perdent leur temps, et très souvent leur vie.
Mais Remarque ne se contente de décrire les combats. Si les batailles dans les tranchées, les assauts au front côté allemand ou français ou les attaques au gaz asphixiant sont très bien rendues et poignantes, elles n'occupent qu'une part de l'ouvrage. Celui-ci s'ouvre d'ailleurs à l'arrière du front, où les jeunes soldats répondent aux ordres imbéciles d'un de leur supérieur, qu'ils auront d'ailleurs l'occasion de ridiculiser par la suite, comme si toute cette folie ne pouvait pas anihiler les blagues potaches de ces jeunes adultes. On se retrouve également souvent dans les hôpitaux, que ce soit avec Paul quand il rend visite à un de ses camarades dont on a amputé la jambe en vain, ou lorsque Paul est lui même hospitalisé suite à une attaque venue des lignes ennemies.
C'est d'ailleurs pour moi une des grandes qualités du livre. En sortant de la zone des combats, l'auteur parvient à faire ressentir cette peur, cette angoisse qui étreignent ceux qui sont à l'arrière ou en permission, et qui savent pertinemment que ce sera très bientôt leur tour de retourner au front. D'autant que la hiérarchie ne semble pas porter une grande attention à leur devenir, comme l'illustre le télégramme qui donne son titre au roman et qui tombe le jour d'une nouvelle hécatombe dans les rangs allemands.
C'est également intéressant de lire le récit du côté allemand. Même si je ne doutais pas une seconde que la guerre fut aussi
terrible d'un côté comme de l'autre, cela illustre bien la boucherie que fut ce conflit. Remarque y fait part de son grand pacifisme, et j'aurai bien aimé savoir comment le livre fut reçu en
France, dans ces années 30 où le pacifisme a encore un poids important, mais où il doit faire face à la montée des régimes autoritaires dans les pays voisins. Il est d'ailleurs à noter que la
traduction du texte (et visiblement première publication) en français pour cette édition date de 1956... Ce qui semble tardif pour un roman publié en Allemagne en 1928. Réticences des français à montrer que la guerre fut également une
horreur en Allemagne ? En tout cas, un livre à lire pour (finir de) se convaincre que cette guerre fut une horreur sans nom (comme beaucoup d'autres, d'ailleurs).
A l'ouest rien de nouveau, de Erich Maria Remarque
Traduit de l'allemand par Alzir Hella et Olivier Bournac
Ed. Le livre de poche