Elsa se fait virer de son appartement, après plusieurs mois de loyers impayés. Elle pratique des petits boulots, comme nettoyeuse de bus ou professeur
d'anglais peu compétente, mais cela ne suffit pas pour la faire vivre. Les stratagèmes qu'elle met en place et qui lui avaient permis de garder la tête hors de l'eau ne fonctionnent plus, et elle
sombre peu à peu. Mais avec l'aide de Mathieu, son voisin en difficulté comme elle, et son cousin, elle tente de reprendre sa vie en main. Avec notamment pour objectif de se rapprocher d'Etienne,
son fils qui vit avec son ex-mari et qu'elle ne voit que rarement.
Le premier film de Xabi Molia a pour titre la fin d'un proverbe qui illustre parfaitement l'intrigue et la vie de Elsa : Sept fois à terre, huit fois debout. Car Elsa morfle, mais fait ce qu'elle peut pour survivre. Ses suppliques aux futurs potentiels locataires de son appartement, entre émotion et mensonge sur ses relations avec son fils, en sont un exemple. Elle se démène, se bat, mais sombre petit à petit. Jusqu'au jour où une de ses collègues nettoyeuse de cars fait un malaise sur son lieu de travail : le gardien, qui les paye au noir, refuse d'appeler une ambulance pour éviter les ennuis. Elsa réalise alors l'inhumanité de ce milieu, car même si certains actes de solidarité existent, le poids du patron est toujours le plus fort. Elle se retire donc du monde, vit dans sa voiture puis la forêt, et ce retrait semble être pour elle le départ pour elle d'une nouvelle ambition.
Le film est assez sombre car malgré ses efforts, ses tentatives pour d'en sortir, tout semble s'acharner contre Elsa. Même les entretiens desquels elle sort satisfaite n'aboutissent à rien. Son horizon est bouché, et tout semble aller de mal en pis. Alors, tout n'est pas totalement noir, car ses relations avec son fils évoluent plutôt dans le bon sens, mais je suis ressorti de ce film assez sombre. Pourtant, le film n'est pas dénué d'humour, comme à travers le personnage de Mathieu (Denis Podalydès) qui passe son temps libre à pratiquer le tir à l'arc dans la forêt municipale, au risque de blesser les promeneurs.
Mais la vraie révélation du film est Julie Gayet. Elle incarne une jeune femme sensible, perdue mais qui n'est pas totalement sans ressource. C'est elle qui décide d'arrêter les emplois desquels elle ne retire qu'un peu d'argent mais aucune humanité. Bien entendu, son entourage, en particulier son cousin (Mathieu Busson) n'est pas pour rien dans sa volonté de s'en sortir. Mais l'actrice impose sa marque sur le film, elle irradie et donne une humanité à ce personnage qui n'était pas gagné pas d'avance. Une belle performance d'actrice, dans un premier film osé.