Le président Onni Rellonnen, directeur d’entreprises qui tombent les unes après les autres en faillite, a décidé de se suicider. Il profite de l’euphorie des fêtes de la Saint-Jean pour se retirer dans sa maison de campagne, et a choisi une grange abandonnée pour commettre l’acte final. Malheureusement, la place est déjà prise : un militaire, le colonel Kemppainen, a également choisi cet endroit pour se pendre. Rellonen, pris de pitié, le sauve. Les deux compères décident alors de monter un grand symposium qui réunirait tous les suicidaires de Finlande. Suite à cette réunion, une poignée d’entre eux décide de passer à l’acte, en se jetant du haut des falaises du Cap Nord, en Norvège…
Petits suicides entre amis est un livre qui est symbolique de l’œuvre de Paasilinna : un sujet pas forcément facile, voire glauque, mais un humour ravageur. Cette bande de bras cassés, tous usés par la vie, défaits, ne croyant plus en rien, inspire au lecteur non pas de la pitié, mais une irrépressible envie de rire, de se moquer des travers de ces finlandais insatisfaits, qui sont ceux de nombreux occidentaux.
Le début du roman est l’aspect le moins réjouissant : une fête de la Saint Jean où on se consacre aux idées de suicidaires qui fuient la foule pour se vaquer à leurs occupations dans un coin retiré. Mais rapidement, les situations s’enchaînent, toutes plus cocasses et drôles que les autres. Autour du lac où habite Rellonnen, les habitants ont pris l’habitude de jeter à l’eau des bouteilles à moitié vide, retrouvées plus tard par les habitants de l’autre rive qui feront de même. Ensuite, le colloque est un moment de drôlerie, tout comme le trajet à bord de la Flèche d’Argent, qui emmène nos candidats au suicide en Norvège, Suède, Allemagne, France, Suisse et Portugal.
On s’attache à cette bande de joyeux suicidaires, de la directrice adjointe qui vivra une histoire d’amour à l’éleveur de rennes aux intentions pas très nettes, en passant par le serveur à l’optimisme forcené, intéressé par l’aventure mais qui n’a pas l’intention de se suicider. Les différents voyageurs vont d’ailleurs, au gré de leur voyage, voir disparaître leurs intentions premières. Voyage agrémenté par une bataille rangée avec des hooligans bavarois, ou la perte de trois finlandaises dans les vignobles alsaciens qui manque de créer un incident diplomatique franco-finlandais.
Paasilinna réussit à atteindre son objectif : faire sourire avec un sujet difficile. Un roman plaisant, divertissant, qui ne brille pas nécessairement par son style, mais qui met en valeur les situations.
Ce roman a remplacé, dans ma chaîne des livres, La douce empoisonneuse, du même auteur. Livre lui aussi plaisant, au ton assez proche dans lequel Paasilinna fait rire d’une vieille dame menacée par une bande de voyous dont elle parvient à se débarrasser…
Petits suicides entre amis, d'Arto Paasilinna
Traduit du finnois par Anne Colin du Terrail
Ed. Folio