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7 septembre 2009 1 07 /09 /septembre /2009 09:10

Voici un court essai très intéressant, qui aborde les questions économiques, écologiques et technologiques, en montrant leurs interactions. L’auteur, journaliste au Monde, aborde de nombreux sujets, plus ou moins attendus, et son analyse est pertinente et convaincante sur un certain nombre de points.

 

Le premier point intéressant est lié aux références d’Hervé Kempf. Son analyse du système capitaliste utilise les réflexions de Thorstein Veblen, économiste qui a mis en avant le caractère de compétition de ce système. Non la compétition des entreprises, mais celles des individus qui essaient de ressembler, de s’approcher d’une image dominante. De là, la consommation n’est plus rationnelle ou dictée par les réflexions poussées de l’homo economicus, mais répond à des besoins d’identification. Ce phénomène, d’abord restreint géographiquement, a pris une dimension planétaire avec les nouveaux modes de communication, et met en péril à la fois les cultures, mais aussi la planète qui ne pourra pas répondre indéfiniment à ces demandes souvent superficielles (et que les occidentaux pourraient avoir la bonne idée d’abandonner également).

 

Après un passage un peu plus attendu sur la montée de l’individualisme, et une illustration via le passage du landau à la poussette assez surprenante, l’auteur montre que la psychologie a pris le pas sur la sociologie. Dans l’analyse d’un phénomène, la responsabilité incombe immédiatement aux individus, sans réflexion sur l’environnement dans lequel cet incident s’est produit. Il cite ici l’exemple connu de Jérôme Kerviel, condamné sans que le travail des traders ne soit questionné.

 

Le passage le plus convaincant concerne la dénonciation de la croyance en une possibilité technique de mettre fin aux rejets de carbone de l’atmosphère, et ainsi de sauver le capitalisme et la planète (idée saugrenue, qui est de moins en moins défendable). Un à un, il démonte les différents systèmes vantés par les autorités pour montrer les progrès effectués en terme de protection de la planète : le nucléaire (passage qui m’a convaincu que cette technologie est loin d’etre la solution, alors que mon avis n’était pas tranché), les éoliennes (alors que Kempf en a été un ardent défenseur), car leur production est bien trop minime, la captation de CO2 dans le sous-sol, les agro-carburants ou les pétroles bitumineux de l’Alberta au Canada.

 

Il évoque également un pénomène très inquiétant lié à la pêche : au large de la Namibie, il y avait une zone fortement poissonneuse, qui a été largement vidée suite à la pêche intensive. S’apercevant de la diminution du nombre de poisson, la pêche a été réglementée, mais trop tardivement : les méduses, animaux carnivores qui mangent les petits poissons, avaient pris la place, et les poissons n’ont jamais pu se réapproprier cet espace. La même situation a eu lieu au large de Terre-Neuve, où les morues n’ont pas pu se reproduire de manière aussi importante qu’avant malgré l’arrêt de la pêche. L’homme ne sait pas précisément quelles sont les conséquences d’un changement infime de l’éco-système, mais semble croire qu’il est facile de revenir à la normale, même avec une augmentation de la température de deux degrés.

 

Après une anecdote symptomatique lors d’un débat avec Guillaume Sarkozy, du Medef, qui lui demande si sa solution est le retour à la bougie (l’argument classique et imbécile de ceux qui ne se posent pas de question !), Hervé Kempf termine son ouvrage en prônant la coopération plutôt que la concurrence, la taxation des riches, l’éloge de la lenteur et la volonté d’une paix perpétuelle. Si ses souhaits semblent utopiques, ils me paraissent la meilleure et seule solution face aux changements radicaux auxquels nous devrons faire face dans quelques décennies, ou plus rapidement…

 

Pour sauver la planète, sortez du capitalisme, de Hervé Kempf

Ed. du Seuil - Histoire immédiate

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