Dorothee et Martha Brewster vivent avec leur neveu Teddy dans une petite maison de
Brooklyn, adossée au cimetière. Elles veillent sur leur neveu, qui se prend pour le Président des Etats-Unis. Elles suivent aussi d’un œil interrogateur les amours de Mortimer, un autre de
leur neveu, critique dramatique qui leur rend souvent visite. Elles rêvent qu’il concrétise enfin l’amitié qu’il entretient avec Elaine Harper, la voisine et fille du révérend. Mais la
quiétude du lieu va très vite être troublée par l’apparition d’un cadavre et par le retour de Jonathan, le troisième de leur neveu, disparu depuis vingt ans…
Avant d’être un film hilarant de Frank Capra avec, entre autres, Cary Grant (merveilleux) et Peter Lorre (alcoolique), Arsenic et vieilles dentelles est une pièce de théâtre signée John Kesselring. Comme souvent, c’est après un succès à Broadway que la pièce fut adaptée (il existe en effet quelques différences entre la pièce et le film, notamment le métier de Mortimer Brewster).
La pièce est drôle, pleine de rebondissement et rythmée, mais elle est ce que j’appellerai une pièce diesel. Composée de trois actes d’inégale importance (en taille, j'entends), chacun a une fonction bien précise. Le premier acte sert d’exposition à l’intrigue : les personnages principaux sont campés, on apprend qui est le meurtrier et les raisons qui l’ont poussé à tuer Mr Hoskins, et comment il se débarrasse du corps. Ensuite, tous les éléments mis en place dans ce premier acte font faire sens, et interviennent dans un sens ou un autre pour faire avancer l’intrigue ou pour apporter une pointe d’humour. Tout cela pour se terminer dans un dernier acte en feu d’artifice, où tout se résout après moult péripéties.
En début de pièce, Teddy, le neveu fou qui voit des ennemis et des malades de la fièvre jaune dans tous les coins, porte l’aspect comique. Puis, petit à petit, chacun des personnages se dévoile, révélant des facettes insoupçonnées (et donc drôles), que ce soit les tantes, Mortimer ou Jonathan et son fidèle complice, le docteur Einstein. Et là, le texte prend de l’ampleur, les entrées et sorties permanentes des personnages donnent un rythme qui ne faiblit pas.
Keeselring profite d’ailleurs du personnage de Mortimer, et de celui de O’Hara, un sergent, pour parler du théâtre. Et notamment des mauvaises pièces : celles qui sont trop longues, comme celle qu’O’Hara écrit à ses heures perdues. Ou celles auxquelles Mortimer assiste et qu’il trouve indigne de ce grand génie qu’est le cerveau humain. Cette mise en abyme apporte une dimension supplémentaire à cette pièce déjà réussie.
Si je vous parle de cette pièce, c’est bien entendu parce que je viens de la lire, mais aussi parce que je l’ai
vu sur scène. Enfin, pas totalement puisque je faisais partie de la distribution, et n’ai donc pas pu y assister normalement. J’ai eu l’honneur d’incarner le Président des Etats-Unis en personne,
et cela ne m’arrivera vraisemblablement pas tous les jours. Je profite de ce modeste endroit pour remercier mes huit camarades de jeu qui ont permis que ce modeste spectacle voit le jour et si
l’aventure fut rocambolesque, le succès fut, semble-t-il, au rendez-vous. Merci aussi à notre professeure / metteuse en scène / régisseuse / coiffeuse, qui nous a beaucoup aidé pour aller au bout
de ce projet. Ce fut un vrai plaisir de jouer les rôles de Teddy et de Mr Gibbs (vieux monsieur qui échappe de justesse au tueur) !
PS : J'en profite pour vous annoncer que j'ai quatre places à revendre pour Ubu Roi à la Comédie Française, le samedi 11 juillet à 20h30. Si cela vous intéresse, n'hésitez pas à me le
dire...