Fritz Brown, ancien flic spécialisé dans la récupération de voitures impayées et détective privé à ses heures, est contacté par Frederik « Gras Dogue » Baker, pour surveiller sa sœur Jane. Jane vit avec Sol Kupferman, puissant homme d’affaires juif, qui ne revient pas à Gras Dogue, et qui malgré son maigre emploi de caddy (porteur de sac) dans un golf, est plein aux as. Brown s'occupe donc de cette enquête, qui va rapidement s’éloigner de l’objectif initial pour devenir une investigation sur Gras Dogue lui-même et son entourage…
Premier roman de James Ellroy, Brown’s requiem est un policier qui brouille les pistes. La personnalité de Fritz Brown est en elle-même assez atypique. Ancien flic viré pour cause d’incapacité, reconverti dans une activité dont il est peu fier, il se trouve confronté à une affaire qui le dépasse. Une seule activité semble avoir une valeur à ses yeux : la musique classique, en particulier les compositeurs allemands du XIXeme Siècle (Beethoven, Brahms, Bruckner,…). Car quand il s’essaye aux romantiques ou aux impressionnistes, il n’est pas convaincu par leur art. L’autre élément qui prend une importance capitale dans le roman est Jane Baker. Jeune femme paumée, qui vit avec Kupferman, beaucoup plus âgé qu’elle, elle a à ses yeux l’avantage d’apprécier la musique, et de pouvoir s’exercer sur un violoncelle Stradivarius. Tout au long de l’enquête, Brown pense à Jane, qu’il espère retrouver une fois toutes les péripéties terminées.
Roman assez déroutant également par l’intrigue policière qu’il développe. Le pourquoi de l’embauche de Brown par Gras Dogue est très flou, et le lecteur sent vite que si Gras Dogue, personnage huileux, crasseux et peu sympathique, a fait appel au détective, c’est pour une raison non avouée. De là, Brown va mener son enquête, de Los Angeles à Tijuana, de Palm Springs à San Francisco, où il devra affronter sa propre violence, et découvrir petit à petit toutes les ficelles des magouilles dont Gras Dogue est partie prenante.
Le roman est un peu lent à se mettre en place. Le
mystère est intéressant, mais trop de mystère tue le mystère. En ne sachant ce que Brown cherche, le lecteur se perd un peu. Puis, au fil des pages, les morceaux du puzzle s’assemblent pour
former un tout qui devient beaucoup plus intéressant dans les 150 dernières pages (sur 350 pages). Roman policier intéressant, qui n’est pas exempt de quelques
faibl esses (notamment un usage répété de certaines figures de style), mais qui pose le personnage de Brown,
qui fait penser au
Marlowe de Chandler (en particulier celui incarné par Elliot Gould dans le film de Robert Altman, Le Privé), mais un plus trash (alcoolique et drogué par moments). Un bilan globalement
positif, en définitive, qui plonge le lecteur dans les bas-fonds californiens.
Nouveau maillon de la chaine des livres, déjà lu par Emmyne,
Argantel, Blue Grey.
Brown's requiem, de James Ellroy
Traduit de l'anglais par Freddy Michalski
Ed. Rivages - Noir