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17 avril 2009 5 17 /04 /avril /2009 20:00

Des hommes et des femmes sur la route, à la recherche d’un eldorado que chacun imagine différemment. Un jeune cadre, après avoir déménagé des machines dans une usine française, se rend à Budapest pour préparer l’arrivée du matériel. Une jeune femme, caméra DV à la main, sillonne la campagne allemande en train, en orientant son regard sur les marginaux. Des kurdes  traversent l’Europe pour tenter de rejoindre la Grande-Bretagne. Dans tous les cas, des individus déracinés, à la recherche d’un lieu où ils seront mieux, mais ils vont se confronter à l’adversité.


Nulle part, terre promise n’est pas un film évident. Peu de paroles, des choix de mises en scène intrigants, une narration alternée entre les protagonistes principaux, le tout sur fond de situations sociales inquiétantes et de migrations : ce n’est pas forcément très enthousiasmant, mais Emmanuel Finkiel instaure une atmosphère particulière, un mystère qui embarque le spectateur du début à la fin.


Le début est très social : entre les kurdes dans le camion qui tentent d’échapper aux contrôles à la frontière allemande et ce jeune cadre qui encadre le déménagement des machines avec en fond les banderoles et les slogans des ouvriers qui manifestent, on a l’impression d’entrer dans un film sombre, pessimiste. Si le ton n’est jamais enjoué, des détails réussissent à ne pas faire sombrer le film dans une noirceur trop appuyée.


Finkiel prend trois groupes de personnes très différentes : une personne installée, qui fait un boulot dont on sent qu’il a honte, et dont il essaie de se déculpabiliser à peu de frais. Cette jeune femme, voyageuse, curieuse, en prise avec le monde, qui se lie facilement et fait des rencontres improbables, comme ce vagabond dans un train, mais qui est piégée par sa naïveté. Toujours en attente qu’on réponde à ses appels téléphoniques, elle divague dans ce monde qu’elle n’ose regarder que par le biais de son écran de caméra. Et il y a ces kurdes, qui ont tout quitté pour tenter de traverser la Manche, qui sont abandonnés en rase campagne par leur chauffeur pour des raisons qu’on ignore, et qui décident coûte que coûte de rejoindre leur objectif.


Films sur plusieurs sujets, il m’a fait penser à Welcome, pour l’immigration (ici, on a ce qui précède l’arrivée des étrangers à Calais), à Ressources humaines de Laurent Cantet ou Violences des échanges en milieu tempéré de Jean-Marc Moutout sur le libéralisme qui broie les plus jeunes, à De l’autre côté de Fatih Akin sur le mélanges des cultures, l’arrivée dans des pays étrangers. De par ces différents niveaux, Nulle part, Terre promise n’arrive pas forcément à aller au fond de tous ses sujets, mais l’ensemble est très pertinent. En rapprochant des thèmes qu’on pourrait penser éloignés (délocalisation à l’est, immigration à l’ouest), Emmanuel Finkiel réalise un film cohérent, en touches légères, qui dessine un portrait de nos sociétés actuelles, mondialisées, en prise avec le monde, mais où l’humain se trouve souvent seul face à ses rêves. Ce film m’a touché, et si ce n’est pas le film de l’année, je vous invite vraiment à tenter cette expérience cinématographique très intrigante. Une jolie réussite, sur un sujet vraiment pas évident.

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commentaires

M
Une bien belle critique et un film qui semble vraiment intéressant! A voir donc!
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Y
<br /> En ce qui me concerne, j'ai aimé. Mais il y a quelques avis divergents, ci-dessous...<br /> <br /> <br />
E
BonjourJe publie ton article sur mon blog http://sos-crise.over-blog.com amitié eva
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