Comme tous les ans, Paul Bellamy passe ses vacances à Nîmes avec son épouse Françoise. Lors de ces quelques jours, il essaie d’oublier son boulot de commissaire, qui lui prend beaucoup de temps. Mais ses vacances ne se passeront pas vraiment comme prévu : son frère Jacques, escroc notoire, s’invite à la maison. Et Noël Gentil, homme mystérieux, vient demander de l’aide au commissaire. Le tout sur fond d’affaire louche, celle d’un assureur qui a tenté de rouler tout le monde, et qui a disparu du jour au lendemain.
Claude Chabrol (que j’aime beaucoup) signe avec Bellamy un film assez différent de ce qu’il a l’habitude de faire. L’intrigue policière, autour de Noël Gentil, n’est qu’un prétexte (le spectateur est vite informé des tenants et aboutissants de l’histoire). Cela n’est pas une nouveauté, Chabrol étant un habitué du genre. Ce qui est original, c’est la façon dont il s’intéresse aux personnages. Pour une fois, il n’utilise pas ses personnages principaux pour en faire des dénonciateurs, des modèles à suivre ou à éviter. Chabrol distribue quelques piques envers la bourgeoisie de province, notamment avec le couple du dentiste et du chirurgien esthétique, mais cela reste en filigrane. Il y a une forme de tendresse envers le couple Bellamy, et c’est cette tendresse qui est selon moi le cœur du film.
Bellamy est la première collaboration entre Claude Chabrol et Gérard Depardieu. Le personnage de Paul est écrit pour ce dernier, avec sa rondeur, son appétit et son regard tendre. Mais ce personnage ne serait pas complet sans Françoise, ici merveilleusement incarnée par Marie Bunel. Ce couple s’aime, se respecte, les multiples gestes trahissent l’envie qu’ils ont l’un de l’autre (enfin, surtout lui), mais sans être insistant. Et les craintes de Paul concernant un possible adultère de Françoise avec son beau-frère, Jacques, donnent lieu à de jolies scènes de doutes, de non-dits qui se terminent en scène d’amour, où tout est suggéré.
Concernant l’intrigue policière, elle est plus anecdotique. L’interprétation de Jacques Gamblin est intéressante, car très diverse : le ton très théâtral de Noël Gentil tranche avec la voix avinée de Denis. Clovis Cornillac incarne Jacques, le frère qui sert uniquement de détonateur, de trouble-fête dans le couple Bellamy. Il y a aussi une esthéticienne volage, une vendeuse de Bricomarché intriguée par l’enquête du commissaire, et un avocat commis d’office qui effectue une plaidoirie chantée. Moment qui aurait pu être plaisant, mais qui tombe quelque peu à plat. Je crains que Chabrol ne soit pas un bon réalisateur de comédie musicale.
Le film vaut donc surtout pour le couple Depardieu / Bunel, qui méritent à eux seuls le déplacement. Pour le reste, c’est un film lent, qui prend son temps, le temps des vacances, du soleil de Nîmes, et qui distille un parfum charmant, un peu suranné. Un Chabrol mineur, certainement, mais loin d’être un échec.
L’avis de Pascale