David et Jack, deux américains en goguette en Europe, décident de découvrir le Nord de l’Angleterre (curieuse destination). Alors que la nuit tombe, ils se réfugient dans une auberge assez peu accueillante, et les habitants leur font des conseils inquiétants : ne pas quitter la route, faire attention à la lune. Mais Jack et David se perdent dans la lande. Des bruits effrayants se font entendre, et pris de panique, ils essaient de regagner la route. Ils sont alors attaqués par une bête monstrueuse qui tue Jack et blesse David, sauvé par les habitants du village. Soigné dans un hôpital, David essaie de comprendre ce qui s’est passé, et notamment pourquoi les villageois ont déclaré que c’est un fou qui les a attaqués…
Film de genre, celui du loup-garou et de l’épouvante, Le loup-garou de Londres est un film très intéressant, qui dépasse de loin ce seul genre. Bien entendu on croise à plusieurs
reprises ce loup-garou, mais il est loin d’occuper l’ensemble de l’écran. Le point de vue de John Landis, le réalisateur, est de montrer la vie de David, ses tourments, ses cauchemars et les
choix cornéliens auxquels il est confronté, plutôt que d’insister sur l’aspect vraiment inquiétant du film. Cela donne lieu à des scènes très effrayantes de cauchemars, finalement plus
inquiétantes que celles où le loup-garou est présent.
Une autre force de ce film est l’utilisation des effets spéciaux et des maquillages. La scène de transformation de David en loup-garou, au milieu d’un salon et en plein jour, est extraordinairement bien rendue. De même, David a régulièrement les visites de Jack, venu d’outre-tombe dans un état de décomposition de plus en plus avancé. Ce qui donne lieu à des maquillages très réussis. Pas étonnant que Mickael Jackson ait ensuite fait appel à Landis pour les clips de Thriller ou Black or white.
Enfin, ce film est une œuvre de cinéphile. Un peu à l’image de Tarantino qui n’hésite à mélanger les genres dans ses films, Landis joue avec les codes. Il rend hommage aux précédents films de
loup-garou qui l’ont inspirés (notamment avec Bela Lugosi et Claude Rains), aux films avec Humphrey Bogart (l’affiche de Casablanca dans l’appartement de l’infirmière). Surtout, il mêle les
genres, avec beaucoup de moments comiques : le début évoque des films du genre A nous les petites anglaises, Landis a tourné un simulacre de film érotique pour le scène se passant dans un
cinéma X. La scène au cinéma est d’ailleurs l’une des plus surprenantes du film, avec la discussion entre David et les morts-vivants sur fond de cris de jouissance. L’autre scène hilarante du
film est celle où David se réveille nu au milieu du zoo de Londres. Et Landis n’oublie pas non plus les aspects romantique avec l’infirmière, le policier avec le chirurgien et angoissant avec la
poursuite dans le métro ou le carambolage sur Trafalgar Square.
Film de genre, Le loup-garou de Londres transcende les clivages et donne une vision très large du paysage cinématographique. Ce fut vraiment un bon moment passé dans la grande salle de la cinémathèque très bien remplie, ce qui j'avoue m'a surpris. Je remercie Sandra M., qui m’a permis de gagner une place pour le cycle Landis de la cinémathèque (aujourd’hui terminé).