Vincent est bagagiste à Roissy. Avec son collègue, il arrondit ses fins de mois en délestant quelques valises de montres, trousses de toilette,... Mais le jour où ils ouvrent une valise diplomatique, c'est l'accident : le désodorisant contient une bombe, qui tue le collègue de Vincent. Pris dans une spirale qu’il ne maîtrise pas, Vincent se retrouve à travailler pour les services secrets. Il est envoyé à Londres, où il doit approcher Peter Burton. Et le meilleur moyen pour s’infiltrer près de ce requin est Claire, sa femme, qui va tomber dans le piège tendu par Vincent.
Espion(s) est, comme son nom l’indique, un film d’espionnage. Français qui plus est, ce qui n’est pas forcément pas gage de réussite dans ce genre. Eh bien, Espion(s) déroge agréablement à la règle, car c’est une une jolie réussite.
Réussite par l’ambiance que parvient à instaurer le réalisateur Nicolas Saada. Il y a du mystère, lié aux différents protagonistes de cette intrigue, l’homme d’affaires anglais qui fait de nombreux voyages suspects en Syrie, ses acolytes syriens, notamment le longiligne et antipathique Malik. Face à eux, on découvre le cynisme des services de renseignements, notamment de la part des français (avec un très bon Hippolyte Girardot), qui prennent l’information là où elle est sans prendre garde aux conséquences. Ainsi, Claire (jouée par Géraldine Pailhas, convaincante) est coincée : d’abord défiante envers Vincent, elle succombe après qu’il lui ait offert un petit tableau (Tableau qui donne ensuite lieu à une scène au musée digne de Vertigo). Peu à peu, elle fait confiance à cet homme, qui la trompe, qui la laisse détruite, ne sachant plus sur quel pied danser.
Malgré cette intrigue qui pourrait être trop simple, Nicolas Saada, également scénariste, parvient à éviter l’écueil du manichéisme. Claire, Peter, mais aussi Vincent (incarné par Guillaume Canet) ne sont pas aussi lisses qu’ils peuvent paraître. Ainsi, Vincent, recruté pour cette affaire, est loin d’être un citoyen lambda : il s’est déjà fait pincer pour trafic de faux papiers au profit de dissidents chinois lors d’un stage à Hong-Kong.
Ce film d’espionnage est donc une jolie réussite, avec un sujet d’actualité (blanchiment d’argent dans les émirats, attentats dans les capitales occidentales), des personnages attachants (notamment Palmer, non, pas le grand noir de 24h, mais le chef des services secrets britanniques) et une intrigue haletante. Pas de gros effets spéciaux ni de grandes cascades, ce n’est pas Jason Bourne, mais un réalisme bienvenu. Nicolas Saada signe un très bon premier film !