J’ai eu l’occasion d’assister à la première mondiale d’un opéra, créé à l’Opéra Garnier : Yvonne, Princesse de Bourgogne. Cet opéra est composé par Philippe Boesmans, avec une mise en scène de Luc Bondy. Le livret est une adaptation d’une pièce de Witold Gombrowicz, parue en 1938.
Dans la cour du Roi de Bourgogne, le Prince Philippe est à la recherche d’une épouse. Ses yeux tombent sur
Yvonne, jeune fille amorphe, laide. Malgré les protestations de ses parents, il décide de l’épouser. Mais la Cour n’accepte pas cette nouvelle venue, et fera tout pour qu’elle disparaisse le plus
rapidement possible.
J’ai assez peu de connaissance de l’opéra : ce n’est que la troisième fois que je m’y rends, et n’est pas une grande connaissance de l’histoire de cet art. Ce que je peux néanmoins dire,
c’est que ce spectacle m’a plu, alors que l’idée d’une création contemporaine n’est pas ce qui m’attire le plus au départ.
Cette œuvre est hybride, mélange entre le théâtre et l’opéra. Mélange, car si les personnages chantent et sont accompagnés d’un orchestre dirigé par Sylvain Cambreling, le personnage principal,
Yvonne, ne prononce que trois mots, sans jamais chanter : cercle, pelote, et un dernier que j’ai oublié. Le personnage d’Yvonne, incarné par une actrice de théâtre, Dorte Lyssewski, marque
bien ce mélange entre les genres. La mise en scène de Luc Bondy, homme de théâtre, m’a également beaucoup plu : les décors changent, passant de la cour du château à une salle oppressante,
des fenêtres sur les cotés de la scène permettent aux personnages secondaires de scruter la scène. Tout cela est assez vivant.
Ce qui marque surtout, c’est la causticité de la pièce. Aucun personnage ne correspond aux images habituelles. Bien entendu, le personnage d'Yvonne, la molichonne comme l’appelle le Roi, est loin
des canons de Blanche-Neige ou Cendrillon. Le personnage du Roi, interprété par Paul Gay, est un homme exubérant, jouant à Superman avec sa cape. Une des tantes d’Yvonne est jouée par un homme,…
Bref, il y a beaucoup d’idées de mises en scènes, qui ajoutent à l’aspect de dérision de cette œuvre, où j’ai souvent ri. D’ailleurs, l’auteur
n’hésite pas à mettre beaucoup de mots triviaux, voire grossiers dans la bouche des personnages (je ne sais pas si c’est devenu habituel à l’opéra, mais cela reste
surprenant).
Au niveau vocal, j’ai apprécié la prestation de Mireille Delunsch, qui interprète la reine auteur de textes libertins, pleins de "souplesse" et de "caresses". J'ai aussi été impressioné par le
personnage du chambellan, une voix de basse. Pour la musique, je n’y connais pas grand-chose, mais elle m’a paru assez éclectique, piochant dans beaucoup de registres différents. Il y a des
moments très contemporains, d’autres qui m’ont rappelé Debussy, et le compositeur fait même référence à la musique des XVIIe et XVIIIe lors d’une séance de révérences.
Pour un spectacle qui ne m’attirait pas particulièrement, mais que j’ai vu car il faisait partie d’un abonnement, j’ai été très agréablement surpris car c’est une œuvre drôle, parfois
iconoclaste. En fait, je crois que je ne m’attendais surtout pas à autant rire, et à assister à une oeuvre aussi parodique !