Jamal
Malik est un homme chanceux : candidat à Qui veut gagner des millions en version indienne, il est sur le point de décrocher le pactole. Mais des soupçons apparaissent, sa probité est mise en
doute : comment ce garçon, serveur de thé dans un centre d’appels, peut-il répondre là où les avocats ou les professeurs se trompent. Mais en plongeant dans l’histoire de ce jeune homme, on
découvre pourquoi il réussit à gravir un à un les échelons du jeu, jusqu’à devenir une vedette pour tous les pauvres du pays.
C’est une impression étrange que celle d’avoir eu le sentiment de partir pendant plusieurs heures dans une contrée lointaine, alors qu’on vient juste de passer 2 heures sur un fauteuil. Mais c’est exactement ce que j’ai ressenti devant ce film éclectique, foisonnant et entraînant.
Jamal Malik est au cœur de cette aventure. Dès le départ, on navigue entre le strass du plateau télé et la violence de l’interrogatoire policier, jusqu’à l’utilisation de la gégène. Le ton est donné, puisque le spectateur sera constamment balloté entre la misère du peuple indien et les espoirs suscités par le jeu.
On revit toute l’histoire de Jamal, de la mort de sa mère à la suite d’une ratonnade envers les musulmans indiens (ce qui a résonance terrible avec les événements récents) à la mafia locale qui n’hésite pas à réduire en esclavage de jeunes enfants pour en faire des pourvoyeurs de fonds. On voyage dans les bidonvilles, dans les toilettes publiques que les enfants font payer, dans les décharges et finalement dans les centres d’appel que les occidentaux ont installé là-bas pour réduire leurs frais (oui, ceux qui vous appellent le samedi à 8h pour vous vendre une encyclopédie !).
Et puis il y a la traditionnelle histoire de famille avec son frère Salim, qui prendra un chemin différent, et l’incontournable histoire d’amour avec Latika, que Jamal perd de vue mais pour qui il prend tous les risques, afin de la retrouver et de la sortir des griffes du mafieux qui la contrôle. Si ces moments et le dénouement sont relativement attendus, Dany Boyle parvient à les incorporer à un ensemble énergique, ce qui ne rend pas ces scènes trop guimauves.
A noter le très bon montage, ainsi que la bande originale qui accompagne tout le film. Avec en particulier un hommage final à Bollywood tout à fait savoureux !
Voilà donc vraiment un film surprenant, un conte moderne qui vous amènera loin, et qui s’il présente une situation très peu enviable de l’Inde, ne tombe pas dans un misérabilisme larmoyant. Il y a de l’action, du rire avec Salim et Jamal jeune, de l’amour, bref, tous les ingrédients pour faire un bon film. Et les acteurs, tous indiens, sont tous très bons dans leur registre. Vraiment une belle surprise, et chapeau au réalisateur de la bande-annonce, qui m’a donné envie de voir ce film tout en évitant de raconter les trois quarts de l’histoire.
L’avis de Pascale