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13 novembre 2008 4 13 /11 /novembre /2008 07:28

A Joigny-les-Deux-Bouts, il ne se passe pas grand chose. Ville implantée au bout de la ligne de RER, la vie y tourne autour du bar tenu par Joël. Ce bar-tabac est le seul lieu vivant, et sert de refuge à Taniel, où il traîne avec Magalie, ou à Yeva, sa mère, qui y achète ses cigarettes. Tournent également dans ce paysage Jacquot, le mari de Yeva, Yeznig, le frère handicapé de Taniel ou Ali, l’ami et rival. Tout est calme, jusqu’à la découverte du corps de Joël, sans vie au milieu de son bar.

 

Ce roman, contrairement à ce que peut laisser penser le résumé, n’est pas un roman policier à proprement parler, mais plutôt une description de cette banlieue des villes des bouts de RER. Le meurtre du cafetier est en quelque sorte un prétexte pour l’auteur à présenter les personnages de cette histoire. On découvre ainsi la vie de Jacquot, mari qui passe son temps dans le canapé et y laisse l'empreinte de son corps, l’adolescence de Magalie et d’Ali, en constante chamaillerie avec sa sœur. Voilà pour le fond.

 

Sur la forme, Faïza Guène décide d’écrire un roman choral. Chaque personnage prend à tour de rôle la parole, pour exposer sa version des faits. Une première fois, pour décrire le décor dans lequel ils vivent. Puis une deuxième (voire une troisième) fois, après le meurtre de Joël, pour donner des explications, un alibi, enrichir une déposition. Cela permet à l’auteur d’utiliser différents styles d’écriture et de vocabulaire, spécifique à chaque personnage. On sent ainsi, à la lecture, le caractère et la personnalité des protagonistes. On passe ainsi du langage SMS de Magalie aux phrases plus construites de Yeva.

 

Toutefois, si la forme est intéressante, cela fait un peu « exercice de style ». Comme en plus, l’histoire n’en est pas vraiment une (le dénouement est tout de même très étrange !), le souvenir qui reste est celui de ces différences de langage spécifiques au personnage. Faïza Guène a des capacités d'écriture qui sont indéniables, mais qui ne réussissent pas dans ce roman à faire oublier l’application qu’elle met à écrire.

 

Comme je l’avais dit pour un précédent roman de cette jeune auteur (elle a 23 ans), je pense qu’elle va occuper une place dans le monde littéraire de demain. Mais attention à ce que cette place ne vire pas à la représentation médiatique, en laissant à l’écart une écriture prometteuse. Car sa maison d’édition met déjà les petits plats dans les grands pour la faire connaître, et semble parier « médiatiquement » sur cette auteur (ce qui n’est pas sans m’inquiéter, vu l’éditeur).

 

On y passe un moment relativement plaisant, à Joigny-les-Deux-bouts, mais cela ne va pas plus loin pour cette fois-ci.


L’avis de Michel, Finette, tous deux plus enthousiastes, Papillon, qui y voit aussi un exercice de style.

Autre roman de l'auteur : Kiffe kiffe demain

 

Les gens du Balto, de Faïza Guène

Ed. Hachette Littératures

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commentaires

L
J'avais lu "Kiffe-kiffe demain" au moment de sa sortie, et trouvais que si il y avait une promesse, elle n'était dans ce roman que latente, que le tout manquait quand même d'envergure.Quand "Les gens du Balto" est sorti, l'éditeur m'avait envoyé un mail pour me dire combien ce roman était bien "foutu" et qu'il fallait que le m'empresse de l'acheter. Mais j'avais quelques appréhensions que ton billet et celui de Papillon ne font que confirmer.
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Y
<br /> Je pense que nous sommes à peu près du meme avis sur Kiffe kiffe demain. Pour Les gens du balto, l'éditeur fait son boulot mais il ne vaut pas la peine de se ruer dans une librairie. Car le coté<br /> artificiel du roman est un élément qui diminue le plaisir de la lecture (c'est toujours embetant de voir les coulisses d'un spectacle ;-)<br /> <br /> <br />