Après la vision du film de Christophe Honoré « librement adapté de la Princesse de Clèves », j’ai eu envie
de replonger dans l’œuvre originelle. Et je suis bien content de l’avoir fait, à la fois pour la relecture de ce très beau roman, mais aussi pour le comparer avec la vision qu’en a Christophe
Honoré.
Ce qui m’a frappé dans la lecture du roman est que Mme de Lafayette dresse un portrait de la cour d’Henri II, et que le personnage de la Princesse de Clèves, et son histoire d’amour impossible, n’arrivent que dans un second temps. Le portrait de la cour est assez déroutant pour un lecteur contemporain, car beaucoup de références compréhensibles au XVIIeme Siècle sont certainement beaucoup plus obscures aujourd’hui. D’autant que Mme Lafayette, en s’intéressant à la Cour d’un roi ayant vécu un siècle plus tôt, se permet très certainement de glisser dans le texte quelques phrases destinées directement à ses contemporains.
Pour l’histoire de la Princesse, on retrouve cette histoire d’amour impossible entre cette dernière et Nemours, en raison du mariage de la Princesse qui ne veut sous aucun prétexte tromper son mari. Les tourments qui la prennent lorsqu’elle croise son prétendant, les malaises qu’elle a en pensant à lui sont terriblement désuets mais décrits d’une manière telle qu’ils en sont charmants. On se prend d’amitié pour cette Princesse, qui refuse de céder, même lorsque son mari meurt, pour préserver sa dignité.
Par rapport au film, il y a tout de même quelques points très différents. Comme je l’avais dit dans le billet concernant La belle personne, la Princesse ne me parait pas effacée comme elle l’est dans le film. Surtout, Christophe Honoré a été bien inspiré (c’est le cas de le dire) de dire que le film est « librement inspiré ». On sent dans le film la trame du roman (trame assez classique, d’une femme séduite par un amant, qui se refuse à lui), avec quelques passages clés comme celui du portrait égaré.
Si le film est agréable, j’ai une préférence pour le roman, qui, malgré une écriture qui date de quelques siècles, est très fluide. Si quelques tournures sont datées, l’ensemble est tout à fait
agréable à lire et très élégant. Un beau roman qui, même s’il ne sert pas à tous les guichetiers, est une référence importante de la littérature en langue française, et une lecture
dépaysante.
D'autres avis : le Bibliomane, Dominique, Pitou, Rose (qui parle du film et du livre)
La Princesse de Clèves, de Madame de Lafayette
Ed. Librio