François Villon, poète et
brigand. Elève doué qui utilise la ruse pour toutes ces entreprises, pas toutes orientées vers les études. Homme attiré par les plaisirs de la chair et par les voyous qui sèment la terreur dans
les campagnes. Mais Villon est surtout un grand écrivain, dont les ballades sont apprises à l'époque dans tout Paris, et qui sont arrivées jusqu’à nous (la ballade des pendus, les neiges
d’antan). C’est la vie de cet artiste du XVeme Siècle que relate ici Jean Teulé, de manière bien entendu romancée.
Le père de François est mort pendu, sa mère a été suppliciée et il est peut-être né le jour de la mort de Jeanne d’Arc. Pas de très bon augure. Recueilli par un chanoine qui veut faire de lui un homme cultivé, et qui lui donnera beaucoup de fil à retordre, il passe son temps entre les mains d’une prostituée surveillée par son mari, les équipées nocturnes avec ses amis et autres joyeusetés de son âge. Mais ses actions ne resteront pas impunies, et après un exil qui lui fera vivre d’atroces souffrances, il revient à Paris qui le reçoit comme une idole. Mais François s’émeut de cette image qui lui échappe.
Jean Teulé adopte pour cette biographie un style très romancé, qui n’épargne pas le lecteur : il apprend ainsi tous les moyens utilisés pour torturer les parisiens au Moyen Age. Les pendus, les ébouillantés, les morts, les amputés ou les emmurés parcourent l’ensemble du récit. La scène la plus violente à lire est très certainement la série de supplices que doit subir François, suite à son emprisonnement par le procureur aux langues desséchées…
L’écriture de Jean Teulé permet de faire passer aux lecteurs la violence de cette époque. A plusieurs reprises, j’ai ri face aux atrocités décrites, tellement elles sont inimaginables. Sauf bien entendu qu’elles ont réellement existées ! Jean Teulé adopte un ton en décalage avec la violence du temps, qui rend plus hommage à la potacherie parfois inhumaine de Villon et ses amis qu’aux suppliciés de l'époque.
L’autre point agréable dans la lecture de ce roman est qu’on est plongé régulièrement dans l’écriture de Villon. En ancien français, mais Teulé traduit dans le récit les ballades pour qu’elles soient compréhensibles par le lecteur. Et cela permet de réaliser l’évolution qu’a connue la langue française.
Une nouvelle expérience de Jean Teulé bien plus réussie que la première avec Le magasin des suicides. Et je sens que ses romans sur Rimbaud et Verlaine vont bientôt figurer sur ma liste de lecture.
Je, François Villon a déjà été beaucoup commenté sur les blogs, et je ne peux pas ici recenser tous les billets sur le roman. Jean Teulé a même eu l’honneur d’être Aristochat pour deux mois et leur a accordé une interview. Vous trouverez donc ici l’avis de Coeur de Chene (emballé), Karine (un peu mitigée), Bladelor (qui n'a pas tenu le coup), et il en a encore bien d'autres...
Je, François Villon, de Jean Teulé
Ed. Julliard