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2 septembre 2008 2 02 /09 /septembre /2008 07:33

Au Chili, au début du XXeme siècle. Une famille, les Del Valle. Le père est homme politique, la mère et sa fille ont des dons surnaturels, comme celui de pressentir l’avenir. Le prétendant de la fille aînée de la famille veut devenir riche, et cherche la fortune dans les mines du nord du pays. Malheureusement, sa fiancée meurt, et il décide de se réfugier dans la propriété familiale, ferme qu’il va remettre sur pied...

 

Ces événements marquent le début de la fresque que peint Isabel Allende dans ce roman. On y traverse tout le vingtième siècle, avec les événements mondiaux vus de loin (les deux guerres mondiales ont lieu loin du Chili, et sont donc vécues à travers les informations) et les soubresauts politiques du pays, avec la montée des socialistes et des communistes face au pouvoir conservateur.

 

On est plongé très rapidement et clairement dans les contradictions de la société chilienne, entre propriétaires terriens qui ne pensent que par l’accomplissement individuel, et fermiers soumis à leurs patrons, qui tentent, dans de rares cas, de se révolter. Il est d’ailleurs intéressant de voir comment les révoltés se disputent pour défendre différents moyens d’action (certains réformistes, d’autres beaucoup plus velléitaires ; cette opposition est d'ailleurs toujours vive aujourd'hui...).

 

Cette grande saga m’a emmené très loin, dans un pays étranger, dans un temps passé, avec les espoirs suscités par l’arrivée au pouvoir d’un nouveau gouvernement et les déceptions liées au renversement de celui-ci par les conservateurs, soutenus par les américains. Isabel Allende y montre de manière très précise comment les opposants à Allende (l'oncle de la romancière (Merci Emmyne pour la correction), tué par la junte suite au renversement de son gouvernement) tarissent les ressources du pays de manière délibérée, en imputant la faute aux dirigeants socialistes.

 

On croise donc dans ce roman toute une humanité qui sera mise au pas par les conservateurs, incarnés dans le roman par le sénateur Trueba, au profit d’une minorité. Et comment les plus altruistes sont laissés pour compte dans cette guerre qui ne dit pas son nom. On croise dans ce roman Allende, mais aussi Neruda qui l’a soutenu dans ce combat.

 

Isabel Allende parvient à parfaitement mêler le fantastique, au travers des pouvoirs surnaturels de certaines femmes, et la dimension historique et politique de la situation chilienne. Un très beau roman, mais malheureusement pas très optimiste pour toute personne qui souhaite que les puissants n’écrasent pas la majorité.

 

Je remercie Lucie qui m’a offert ce roman dans le cadre du swap Eternel féminin organisé par Anjelica. Un très bon choix !!!  


P.S : sur l'arrivée au pouvoir d'Allende et le renversement de son gouvernement, je vous conseille le très bon documentaire intitulé "Salvador Allende", de Patrico Guzman 
P.S 2 : Et pour les suites de ce putsch militaire, le film troublant et poignant de Costa Gavras, Missing, avec Jack Lemmon et Sissy Spacek.

 

La maison aux esprits, d'Isabel Allende

Traduit de l'espagnol par Claude Durand et Carmen Durand

Ed. Le Livre de Poche

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commentaires

A
J'ai lu ce livre il y a bien longtemps mais je me rappelle bien que ce fut une belle et poignante lecture.<br /> <br /> J'ai également vu le film 'Missing' dont tu parles mais là j'ai moins de souvenirs.
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Y
<br /> Ah, si tu ne te souviens plus de Missing, il faut absolument réparer cet oubli ;-)<br /> <br /> <br />
E
J'ai compris : un projet de voyage Brésil-Argentine-Chili, c'est très motivant - Facile !
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E
J'ai eu ma période littérature sud-américaine durant laquelle j'ai dévoré Garcia Marques et Isabelle Allende. J'ai adoré ce roman, cette atmosphère de réalisme -merveilleux qui se mêlent, qui font partie inhérente de la vie. J'avais trouvé l'adaptation cinématographique réussie, même si le récit est simplifié ( mais je ne suis pas objective, c'est Jéremy Irons qui interpréte le sénateur ).<br /> A vérifier : il me semble que le président Allende est l'oncle de l'auteur.
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Y
<br /> @Karine : moi non plus je ne savais pas de quoi il était question en ouvrant le livre. Et j'ai été très agréablement surpris par le sujet traité.<br /> <br /> @Emmyne : Merci pour la précision sur la parenté entre Isabel et Salvador Allende, car tu as raison.<br /> J'ai encore beaucoup de trous dans la littérature sud-américaine (j'ai lu un Garcia Marquez, un Vargas Llosa,....) mais je n'ai jamais insisté. Pourtant, ce sont à chaque fois de très bons<br /> souvenirs de lecture. Va comprendre !!!<br /> <br /> <br />
K
C'est un livre qui est dans mon challenge 2008 et qui m'attend chez moi mais malgré tout, je ne savais pas trop de quoi il était question. Du coup, je vais le remonter sur ma pile, c'est une partie de l'histoire que je connais très peu.
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