Fabienne Verdier est une
artiste passionnée par la calligraphie. Lors de ses études aux Beaux-arts qui l’ennuient, elle décide de tout faire pour partir en Chine apprendre l’enseignement des experts en calligraphie.
Mais il y a un hic : Fabienne Verdier est étudiante aux débuts des années 80, période où il est extrêmement difficile pour un occidental de s’installer dans la Chine communiste qui ne s’est
pas encore ouverte à l’économie de marché (ni aux droits de l'homme, mais sur ce point, la situation n'a pas changé !).
Fabienne Verdier raconte dans cet ouvrage sa vie en Chine pendant presque dix ans (car c'est une autobiographie), les difficultés qu’elle a eu à se faire accepter dans ce pays et les milles complications que lui ont faites les autorités chinoises. On y apprend donc comment vivaient les étudiants chinois dans leur université (très pauvrement), comment tous les niveaux de l’administration étaient contrôlés par les communistes, comment il était impossible de faire confiance à qui que ce soit dans ce pays.
Ce qui m’a le plus étonné, et que je connaissais moins (même si je ne connais pas grand-chose à la Chine), c’est le mépris dans lequel étaient tenus les maîtres de la calligraphie. Cet art étant considéré comme ancien et traditionnel, il était banni par les autorités et les anciens professeurs réduits à vivre dans des conditions misérables. Le même phénomène de rejet du passé se produit avec les visites que fait Fabienne Verdier dans les maisons de thé : cet établissement traditionnel est peu à peu supplanté par les habitations modernes qui fleurissent en Chine. Car dans ce pays rural, le but était de construire un monde nouveau, qui n'a rien à voir avec le passé. Et qui va se révéler une véritale catastrophe.
Cet aspect historique est celui qui m’a le plus intéressé, car les considérations sur la calligraphie m’ont beaucoup moins parlées. J’ai du mal à m’imaginer en train de faire un trait horizontal pendant six mois pour vraiment sentir la texture du pinceau et de l'encre, avant de pouvoir accéder à la suite de l’enseignement. Il y a dans cette technique un sens de la patience et du retrait du monde qui m’est totalement étranger.
Un ouvrage qui m’a donc plu sur un de ses aspects essentiels, celui du témoignage historique sur une époque plus terrible encore que celle que peut vivre la Chine aujourd’hui. Et rien que pour cet aspect, c’est un livre qui vaut le coup d’être lu !
Passagère du silence, de Fabienne Verdier
Ed. Albin Michel