L'idée à l'origine de ce roman m'a tenté : le récit de la vie d'une romancière embauchée par
Tobold, le roi du hamburger. Ou comment montrer les liens parfois difficiles entre les intérêts recherchés par un businessman et les volontés artistiques d'une romancière.
Les vingt premières pages ont répondu en partie à mes attentes, avec l’exposition des troubles la romancière. Malheureusement, par la suite, rien de bien neuf : le récit tourne en rond, le narrateur (et la romancière) ne semble(nt) pas avoir d’idée pour faire évoluer l’intrigue. Et la psychologie de notre amie romancière est quelque peu bancale : alors qu’elle explique constamment qu’elle veut se libérer du joug de son patron, elle lui est pieds et poings liés. Au niveau de l’intrigue, les rares éléments censés faire avancer le récit ne sont que des reprises des recettes qui fonctionnent dans le monde libéral actuel : pour décrire l’ascension de Tobold, elle nous expose comment Mc Do a réussi à s’imposer dans le monde. Pour faire part de son humanité, elle nous raconte que Tobold crée une fondation. Tiens, comme Bill Gates ! Quelle imagination !!!
Bon, déjà le sujet a été à mon avis sous-exploité. Mais en plus, la forme m’a déplu, et de plus en plus fortement au cours de ma lecture. Déjà, les dialogues prennent la forme des dialogues, mais sans la présentation liée à celle-ci. D'où une confusion entre propos du narrateur et ceux des protagonistes du roman. Ce qui passe chez Saramago sans problème (billet à venir) crée ici une difficulté de lecture assez désagréable.
Puis il y a cette mise en abîme complètement artificielle : le lecteur lit le journal que la romancière a écrit pendant son expérience, ou les impressions que celle-ci lui a laissé (je ne sais pas trop en fait). On est donc noyé dans un flou artistique déplaisant. Il y a enfin quelques petites phrases, du genre : "Attendez vous n’avez pas encore tout vu", qui m’ont irritées elles aussi. Ah, et il y a aussi cette fin entre deux eaux, où on laisse présager un retournement de situation qui ne viendra pas.
Bref, une lecture déplaisante, dont je n’ai rien retiré, et je me demande bien ce que certains ont pu y trouver. Si l’un(e)s d’entre vous est de ce cas, merci de m’en faire part !
Portrait de l'écrivain en animal domestique, de Lydie Salvayre
Ed. Seuil