Yilan, trentenaire d'origine chinoise installée aux Etats-Unis depuis plus de dix ans, reçoit
la visite de son père, venu spécialement de Chine. C'est la première fois qu'elle le revoit depuis le départ de son pays natal. Le père est venu réconforter sa fille qui vient
de subir un divorce, et la prendre en main : il retrouve ses réflexes de père, la questionnant constamment sur ses activités. Mais la situation a changé : Yilan est adulte, elle gagne sa vie et
souhaite conserver l'émancipation à laquelle elle a goûté grâce à son émigration. Les retrouvailles sont donc plus compliquées que prévues...
Je pourrai faire un long billet sur ce film tellement les sujets qu'il brasse sont nombreux et universels : les relations père-fille, l'indépendance des enfants vis à vis de leurs parents, les
liens avec le passé et le mensonge, les difficultés liées à la vie dans une nouvelle culture... Je me restreins à faire court pour conserver aux lecteurs de ce blog la surprise que j'ai eu un
visionnant ce film.
Mais si les thèmes abordés sont très nombreux, cela n'empêche pas le réalisateur Wayne Wang de faire un film très sensible, tout en douceur, sans grands éclats de voix ni de sentiments. Le
tout passe par des regards, des attitudes et quelques phrases qui ponctuent le récit.
Le thème central de ce film reste néanmoins la rencontre de deux cultures, la culture chinoise du père et celle américaine de la fille. Elle renvoie d'ailleurs à la culture du réalisateur Wayne
Wang, né à Hong-Kong et qui a ensuite rapidement émigré aux Etats-Unis. Contrairement à ce que laisse penser l'affiche, c'est bien le père qui est au centre de l'histoire, et c'est lui qu'on
suit le long du film. Cela donne lieu à des rencontres savoureuses : avec la fille en maillot au bord de la piscine, qui l'intrigue car elle ne travaille pas. Ou avec ce marchand
d'antiquités, qui manipule sans trop manipuler le héros de cette histoire.
Et il y a les très beaux passages entre le héros chinois de ce film et la femme iranienne sur le banc du square. L'un parle un américain brinquebalant, l'autre utilise plus de termes arabes
(ou irainens, je ne sais pas) qu'américains. Malgré leurs difficultés de langage, les deux personnes âgées parviennent à se comprendre, et à partager leur désarroi par rapport à la solitude qui
les guette.
Un fort joli film que ce millier d'années de bonnes prières, émouvant touchant et drôle (oui, car je ne l'ai pas encore dit, mais j'ai rigolé plusieurs fois dans mon fauteuil devant les
manies de ce père déboussolé), et servi par deux très bons acteurs, Henry O et Faye Yu.
Au passage, je tiens à attirer votre attention sur la très jolie émission culturelle de l'été de France Inter, Escale estivale (à 18h en semaine), qui m'a donné envie de voir ce film. (Sur la
route du retour de vacances, le réalisateur était invité dans cette émission). Et bravo à Emmanuel Kherad, qui anime cette émission par des interviews très souvent pertinentes.