Je suis venu tardivement au cinéma (cela doit faire 6 ans
environ), et je n'ai découvert beaucoup d'auteurs qu'à partir de ce moment-là. J'avais néanmoins quelques noms en tête avant de véritablement me lancer dans cet art, et Tim Burton en faisait
partie. Ce devait être l'un des rares cinéastes dont j'avais vu plusieurs films avant 2002 : Batman 1 et 2, Edward aux mains d'argent et Mars Attacks. Depuis
2002, je ne rate pas un opus de l'oeuvre de Burton, même si je n'ai pas encore comblé tout mon retard. Cet essai d'Antoine de Baecque, rédacteur en chef des Cahiers du Cinéma et chroniqueur
régulier dans la revue l'Histoire, m'a donc permis de combler certaines lacunes.
L'œuvre se présente de manière chronologique : on suit le parcours de Burton, de la banlieue de Los Angeles aux plus grands plateaux de cinéma, en passant par quelques échecs personnels
traumatisants. On y découvre que Burton a d'abord travaillé pour les studios Disney, en particulier sur Rox et Rouky (loin de son univers actuel) et sur Taram et le chaudron
magique (certainement plus proche artistiquement, mais qui fut un échec complet). Par la suite, il va mener une carrière atypique, en travaillant pour les studios (Warner, Fox) mais en
gardant sur ses films une emprise importante.
Cette caractéristique est très frappante chez Burton : il bénéficie des moyens des studios, mais parvient à y garder sa patte. Ceci est du en partie au succès de son premier grand film,
Beetlejuice (avec Michael Keaton), qui l'impose comme une figure montante. Par la suite, Burton n'aura de cesse d'imposer que les choses se déroulent comme il le veut, et quand il rencontre des
oppositions (comme sur le premier Batman), il en sort déconfit.
Cette chronologie, ponctué de beaucoup de succès (Batman, Ed Wood, Sleepy Hollow, L'étrange Noël de Monsieur Jack), est aussi marquée par quelques échecs : le tournage "obligé" de la Planète des
singes, la déception liée à la non-réalisation d'un projet sur Superman... Burton est un homme mélancolique, et cela se sent dans son cinéma : le nombre d'être difformes ou marginaux ne se
compte plus, et c'est souvent l'inattendu qui l'emporte dans ses films.
On y découvre également ses inspirations, notamment certains films de série B avec Vincent Price, auquel il voue un véritable culte. Et quand il a un projet en tête, on sent que ce monsieur a de
la suite dans les idées : il tourne ainsi plusieurs fois avec les mêmes acteurs (Johnny Deep bien entendu, mais aussi Wynona Rider, Michael Keaton, Jack Nicholson, Danny de Vito..). Surtout il
mûrit certains projets plusieurs années avant de les réaliser : il en est ainsi de L'étrange Noël de Monsieur Jack, mais également de son dernier opus, Sweeney Todd, le diabolique barbier de Fleet Street, dont il avait acheté les droits à la fin des années 80.
Cet ouvrage est donc une excellente plongée dans le monde fantastique de Burton.
Je profite également du fait que cet ouvrage ait été publié par les Cahiers du Cinéma pour vous informer (ou vous rappeler) que les Cahiers
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Tim Burton, de Antoine de Baecque
Ed. Les Cahiers du Cinéma