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23 juin 2008 1 23 /06 /juin /2008 23:25

Visite au Grand Palais pour l'exposition consacrée à Marie-Antoinette. Exposition artistique et historique, présentée de manière chronologique. On y suit le parcours de la future épouse de Louis XVI, de son départ de la cour de Schönbrunn à son enfermement dans la prison du Temple, en passant par la vie au petit Trianon dans les jardins de Versailles. Exposition de peintures, de meubles qui retracent la courte vie de la reine la plus célèbre de France.

J'avoue que je n'y ai pas appris grand chose, le film de Sofia Coppola donnant une vision particulière mais pas totalement absurde de la vie de Marie-Antoinette. Mais la mise en scène des salles est intéressante, avec notamment une deuxième partie consacrée au Trianon, et une troisième beaucoup plus sombre. Deux éléments néanmoins que j'ai appris : l'enthousiasme suscitée par la princesse lors de son arrivée en France, et l'affaire du collier, qui accentue l'image détestable de la Reine, alors qu'elle n'a pas grand chose à voir avec cette affaire.

Et, justement traînait dans ma bibliothèque un petit essai intitulé Marie-Antoinette et le scandale du collier. Quelle coïncidence ! J'ai donc profité de l'occasion pour découvrir cet ouvrage.

Benedetta Craveri, l'auteur italienne, fait oeuvre d'une grande pédagogie : après avoir brièvement résumé l'histoire, elle présente les trois protagonistes de cette sombre affaire d'escroquerie. Marie-Antoinette, la plus célèbre. Le Cardinal de Rohan, homme rejeté par la reine, et qui fait tout pour attirer ses faveurs. Et la Comtesse de la Motte, arriviste dépensière et sans scrupule. Cette dernière va profiter de la crédulité du cardinal pour qu'il achète un collier inestimable, en prétextant qu'elle servira d'intermédiaire à la reine qui souhaite le posséder. Mais une fois le collier récupéré par la comtesse, elle le démonte et revend les pierres qui le compose. Marie-Antoinette ignore tout de la machination, et lorsqu'elle la découvre, il est trop tard. Le bruit court qu'elle a dépensé une nouvelle fortune pour assouvir ce caprice. Calomniez, il en reste toujours quelque chose !

Cette affaire empoisonne la vie de la Reine, qui ne se débarrassera pas de l'image déjà bien ancrée de femme frivole et dépensière. Alors que la future reine avait été reçue comme une déesse, l'arrivée tardive d'un héritier et cette réputation seront à la base des pires calomnies.

Je suis loin d'être royaliste, mais le sort réservé à cette reine a été humiliant. Bien sûr, elle n'a pensé qu'à son plaisir, ses cheveux, ses chapeaux, et le peuple était sa dernière préoccupation. Mais lorsque les nobles, qui ne devaient pas être plus mal lotis qu'elle, la laissent tomber, c'est une jeune femme (elle a 30  ans en 1785 quand éclate l'affaire) qui est envoyée à l'abattoir. Elle n'était vraisemblablement pas encline à occuper ces fonctions de représentation, son plaisir passant avant tout. Mais il est évident que l'image qu'elle a laissée est loin de lui rendre hommage. Je regrette d'ailleurs qu'une partie de l'exposition du Grand Palais n'ait pas été consacrée à l'image que Marie-Antoinette a laissée, et à son évolution. Car il est certain que cette image a évolué. Une prochaine fois ?
 

L'exposition, organisée par la Réunion des musées nationaux, se tient jusqu'au 30 juin.


Marie-Antoinette et le scandale du collier, de Benedetta Craveri

Traduit de l'italien par Éliane Deschamps-Pria

Ed. Gallimard

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