Première rencontre avec Patrick Kenzie et Angela Gennaro, deux détectives privés de Boston. Patrick
Kenzie reçoit du travail de la part du sénateur Mulkern. Ce dernier accuse une femme de ménage, Jenna Angeline, d'avoir dérobé des documents confidentiels. Il demande donc à Patrick de mener
l'enquête pour retrouver les documents. Mais le meurtre de Jenna, et les documents découverts font que Patrick se sent obligé de poursuivre son investigation, à ses risques,et périls, et à ceux
de Angela...
Quel plaisir que de se plonger dans ce livre ! On se retrouve dans une ville déjà rencontrée dans Mystic River (enfin, pour l'ordre de ma lecture, pas celui de
parution), mais le traitement y est complètement différent. Les ambiances de poisse, d'humidité et de délabrement sont présentes, le thème du livre fait bien sûr penser à Mystic River,
mais les deux traitements sont très différents.
Ici pointe surtout l'humour du narrateur, Patrick, et de sa comparse. Alors qu'ils se mettent dans des situations désespérées, qu'ils risquent leur vie quatre ou
cinq fois dans le roman, ils ne cessent de prendre la situation au second degré. Même lorsqu'il a un revolver sous le menton, Patrick plaisante de la sucette dans la bouche de son
agresseur. Certainement pour fuir la peur, mais cela rend le ton du roman très original.
Lehane est très fort pour créer des atmosphères. Ici, on y sent la peur d'être suivi, l'angoisse du gibier qui ne sait pas quel est le prédateur le plus dangereux : Socia, le leader de la
bande des Saints, dont un des membres a déjà cogné Patrick ? Ou son fils de 16 ans, Roland, qui dirige la bande rivale ? A moins que ce ne soient leurs clients ou les flics qui les
aident. Même ceux censés les aider ne sont guère rassurants, tel Bubba, monstre asocial fait de muscle et de peu de cervelle.
Le fait que l'histoire soit racontée par un des héros est également surprenant. Alors que je m'attendais soit à un récit à deux voix, soit à un narrateur omniscient, l'histoire est racontée
du point de vue d'un des deux protagonistes. Ce qui donne au roman une patte inhabituelle pour un roman policier.
Je n'avais pas lu grand chose avant d'ouvrir cet excellent roman, et le titre peut emmener le lecteur sur de multiples pistes : roman de guerre, mais laquelle ? Et alors qu'on ne sait pas trop à
quoi s'attendre, la piste suivie par Lehane est très intéressante.
Maintenant, place aux remerciements : tout d'abord, à Emeraude qui m'a offert ce livre dans le cadre du swap Noir c'est noir, lors duquel j'avais dit avoir envie de découvrir l'univers de Lehane. Merci aussi aux deux
organisatrices, Stéphanie et Fashion, qui ont fait cela d'une main de maître.
Et mention aux Chats de Biblio, puisque Dennis Lehane est encore pour quelques jours
l'Aristochat des mois d'avril et mai. (où se trouve même la bio de Lehane, rédigée par Thom). La critique du livre par Gaël, Laiezza, Sandrounette et
Sandriiine ici, et celui de Thom et Claude là.
(Bah oui, chez les chats, ils font deux articles pour le même roman ! Comment gonfler les stats !)
Et également à Tamara, qui l'aussi reçu lors du swap, et qui a également aimé.
Un dernier verre avant la guerre, de Dennis Lehane
Traduit de l'anglais par Mona de Pracontal
Ed. Rivages - Noir