Pascal Quignard, connu notamment pour Tous les
matins du monde adapté au cinéma par Alain Corneau, signe ici un petit livre autour d'un problème que tout le monde connaît : le phénomène du nom sur le bout de la langue. Qu'est-ce que
c'est embêtant de ne pas se souvenir d'un nom dont on s'en sent qu'on se souvient, mais qui parvient pas à être formuler. Cette sensation désagréable sert donc de trame à ce livre.
Ce livre est composé de trois parties : la partie centrale est un conte qui met en scène Colbrune, une jeune femme amoureuse d'un tailleur. Elle pourra épouser le tailleur à la seule condition de
reproduire sa ceinture, une borderie d'une grande richesse. Elle désespère d'y parvenir jusqu'à ce qu'un cavalier se repose chez elle et lui offre une ceinture similaire. Mais ce don a une
contrepartie : elle doit se souvenir de son nom lorsqu'il reviendra...
Ce très joli conte, qui pourrait être raconté aux enfants, et qui fait parfois pensé à Alice au pays des merveilles, est encadré par deux autres textes. Le premier présente les
raisons de l'écriture de ce texte, le troisième est une réflexion sur l'oubli et la mémoire. Autant le conte est très bien écrit et agréable, autant les réflexions de Quignard sur le
conte sont beaucoup plus indigestes. Ce n'est pas qu'il y dit des choses inintéressantes, c'est qu'il les dit d'une manière tellement alambiquée qu'il est difficile de le
suivre.
Lors de la lecture de la troisième partie, j'ai failli lâcher le livre plusieurs fois, mais le faible nombre de pages m'a incité à poursuivre. Sa réflexion est intéressante :il y défend
l'idée que le fait de ne pas se souvenir d'un nom montre bien que le langage n'est pas inné et qu'il est une construction. Il présente aussi l'angoisse qui nous saisit lors de l'oubli comme une
peur de la mort, une crainte de ce qui se passera quand tout sera oublié. Mais que cela est dit de manière complexe ! Et c'est tellement complexe que j'ai du passer à coté d'un nombre innombrable
de subtilités dans sa réflexion.
Néanmoins, le conte central est tellement bien écrit que je vous en conseille la lecture, même vous ne lisez pas le reste !
Voir également l'avis de Laurence.
Le nom sur le bout de la langue, de Pascal Quignard
Ed. Folio