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12 mai 2008 1 12 /05 /mai /2008 15:54

L'autre jour, en me promenant à la médiathèque, j'aperçois dans un bac ce titre, Maus. J'en avais beaucoup entendu parler en bien, et c'est donc avec un a priori positif que je l'ai mis dans mon sac.

Art Spiegelman raconte dans cette BD en deux tomes l'histoire de son père, juif polonais qui voit l'Allemagne nazie s'agrandir puis envahir son pays nouvellement créé suite au Traité de Versailles. On suit les parents de Art, Vladeck et Anja, qui essaient de survivre comme ils peuvent. On les suit dans le premier tome, entre 1939 et 1944, ils quittent leurs habitations pour habiter dans des quartiers juifs, vite transformés en ghetto, sont spoliés de tous leurs biens. Les conditions de vie y sont de plus en plus difficiles, et ils finissent par y vivre cloîtrer pour échapper aux rafles. Mais dénoncés, les membres de la famille vont un à un être envoyés dans les camps d'extermination.

Le second tome met l'accent sur la vie de Art et de Anja dans le camp d'Auschwitz. Même s'ils sont séparés car les hommes et les femmes vivent dans des camps différents, ils parviennent à garder contact tant bien que mal.

Toute une autre partie de l‘ouvrage est consacrée à la façon dont Art a recueilli le récit de son père : les difficultés pour faire parler un homme malade, la stupeur lorsqu'il apprend que son père a brûlé le journal écrit pendant la guerre par sa mère décédée. Chaque chapitre est ainsi encadré par ces retours à la réalité.

Il y a également des réflexions sur la représentation des personnages : Spiegelman choisit en effet de représenter chaque nationalité par un animal : les allemands sont des chats, les français des grenouilles, les américains des chiens, les polonais des cochons. Et il décide aussi de dessiner les juifs d'une autre manière : en souris. Les juifs sont donc de suite reconnaissables. Ce qui permet de montrer que dans les camps, il n'y avait pas que des juifs, et que des juifs ont participé aux rafles dans les ghettos polonais. Manière très habile et subtile d’appuyer son propos. Et manière un peu polémique de montrer que les juifs étaient d’abord considérés comme juifs et non comme allemands, français ou polonais.

Ce témoignage sur la vie des juifs polonais est assez troublant pour un français lambda, car si notre connaissance sur la situation des juifs français pendant la guerre est plutôt bonne aujourd'hui, celle des juifs polonais et de leurs conditions de vie abominables est plus floue. Roman Polanski a décrit une partie de cette histoire dans son film Le Pianiste, mais les sources grand public sur cette partie de l'histoire sont relativement minces. Ainsi, le récit de Vladek illustre combien les combines, les connaissances et aussi la richesse (au moins au début de la guerre, tous les juifs ayant rapidement été spoliés) ont pu constituer des éléments importants pour la survie.

C'est donc un témoignage important qu'offre Art Spiegelman dans cette bande dessinée. Ce livre a d'ailleurs le Prix Pulitzer en 1992, soit un peu l'équivalent d'un Goncourt. Ce qui parait inimaginable pour un auteur de BD français !

Maus, de Art Spiegelmann
Traduit de l'anglais par Judith Ertel
Ed. Flammarion
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commentaires

M
<br /> <br /> Une grande oeuvre qui mérite largement ça palce dans le Top BD blogueurs!<br /> <br /> <br /> <br />
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T
Ah Maus...un classique, tout simplement. Incontournable !
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E
ça y est, je l'ai lu, mon billet en ligne demain. J'ai trouvé ça vraiment très bien, très riche, très intéressant, très dur...
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M
J'ai adoré le Pianiste ainsi que Maus que j'ai lu il y a déjà quelque temps! Je te conseille de lire la BD Auschwitz de Pascal Croci qui, je trouve, est remarquable!
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Y
<br /> @ Emeraude : Je peux te garantir que c'est un très bon choix. J'attends ton billet ;-)<br /> <br /> @ Mimienco : Merci du conseil. J'ai lu Auschwitz de Laurent Croci, et c'est vrai que c'est remarquable, et encore plus glaçant que Maus pour le souvenir que j'en ai. Croci dessine en effet les<br /> morts sous leur forme humaine, là où Spiegelman choisit ce dessin animalier.<br /> <br /> <br />
E
je l'ai pris à la librairie ce week end. Je ne vais pas tarder à le lire ! J'en avais entendu le plus grand bien aussi !
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