Dans un palais vénitien, deux troupes de théâtre sont invitées à présenter leur travail. L'une
joue Britannicus, tragédie classique signée Racine. L'autre Othello, du dramaturge anglais Shakespeare. Au-delà de cet affrontement de styles, ce sont les deux metteurs en scène
qui vont essayer d'asseoir leur suprématie. Mais la partie s'annonce difficile, quand les deux metteurs en scène sont frère et soeur, qui plus est jumeaux, et qu'une terrible histoire
familiale les relie. Mais, chacun aidé de son souffleur, ils vont se battre jusqu'au bout pour triompher...
Le début du roman annonce la couleur : on retrouve Candice, la jumelle, dans la chambre d'un hôpital psychiatrique. De là démarre le récit de cette aventure fantastique. Fantastique car il y
a tout d'abord ces deux souffleurs, deux têtes (une fille et un garçon) qui sont là pour aider les acteurs qui ont un trou de mémoire. Bientôt, elles seront au centre d'une histoire d'amour, avec
un troisième protagoniste, Nathan. Fantastique aussi car les répétitions se succèdent dans un joyeux bazar, avec la mort des principaux acteurs de Britannicus, dans des situations
rocambolesques.
On est donc de suite plongé dans un univers onirique, où le théâtre occupe la place centrale. Avec cette histoire entre les jumeaux, ce rapport sexuel qu'ils ont à l'âge de 15 ans
et qui a créé un fossé entre eux (Je ne dévoile rien, c'est sur la quatrième de couverture !).
Bon, même si on sent rapidement qu'on est plongé dans un monde irréel, ce livre ne m'a pas pris. Je n'ai pas cru une seule minute à cette histoire (même si l'objectif n'est pas
forcément d'y croire). Cette idée de souffleurs, que je trouve plutôt bonne au demeurant, m'a paru mal présentée. Le récit est décousu, sans véritable continuité, et j'ai pris chaque partie
comme un morceau indépendant, sans la lier à l'ensemble. Je suis resté à quai, regardant partir sur les canaux de Venise l'intrigue.
L'auteur a certainement voulu rendre hommage au théâtre, mais, alors que c'est un art que j'apprécie, je n'y ai pas ressenti grand chose. Et en voulant rendre hommage au théâtre, Cécile
Ladjali mélange les styles de narration : on passe aussi d'une écriture romanesque, avec narrateur et dialogues, à une écriture théâtrale, où chaque réplique est précédée du nom de
l'intervenant. Je n'ai pas trouvé ce mélange très heureux, et il a certainement nui à ma compréhension de l'ensemble.
Bref, un roman décevant dans l'ensemble. J'avais découvert Cécile Ladjali par le biais d'un dialogue avec Georges Steiner, intitulé Eloge de la transmission (Albin Michel). J'avais aimé
cette rencontre entre une jeune agrégée et un universitaire renommé. Mais la découverte de son travail romanesque ne m'a pas touché cette fois-ci. Peut-être la prochaine !
Lou devrait bientôt vous en parler, puisqu’elle a acheté ce livre au Salon du Livre !
Les souffleurs, de Cécile Ladjali
Ed. Actes Sud