24 février 2008
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Un rapide résumé : dans un petit village de Serbie, un grand-père demande à son petit-fils d'aller en ville vendre la vache, et lui fait promettre trois choses : apporter une icône de Saint Nicolas, un souvenir et une fille pour se marier.
Ce nouveau film est dans la lignée des deux précédents, Chat noir chat blanc et La vie est un miracle. L'action se passe dans la Serbie d'aujourd'hui, et démarre dans un joyeux délire, fait de musique (toujours très présente chez Kusturica), d'inventions dignes de Géo Trouvetou et de trognes extraordinaires. Le lancer de chat est l'un de mes passages favoris de ce début de film. On retrouve une ambiance loufoque, Kusturica nous perd en ne dévoilant pas son intrigue, et en mettant en place l'intrigue secondaire avant la principale. Comme dans ces deux films précédents, on navigue donc à vue en ce début de film, mais avec une jubilation liée aux différentes inventions scénaristiques.
Puis le film prend corps : on comprend l'intrigue (au final très simple), même si le plus intéressant n'est pas l'intrigue en elle-même, mais comment Kusturica la traite. On y trouve des mafieux (très drôle Miki Manojlovic, vu récemment dans un tout autre registre dans Irina Palm), des hommes de main idiots, qui n'espèrent qu'une chose, c'est de ne pas violer ou se faire violer par un sanglier. Un nombre de coups de feu incalculable sont tirés, mais ils ne tuent personne, le seul mort visible se faisant tuer par une pendule.
En cela, le film est assez proche de Chat noir chat blanc. La scène du mariage est présente comme dans quasiment tous les films de Kusturica, les animaux y jouent un rôle important (le sanglier, la vache, le boeuf, la dinde,...) comme habituellement. Bref, on est dans un terrain connu.
Mais Kusturica, tout en inventant de nouvelles manières de raconter l'histoire et de nouveaux gags, traitent aussi des sujets nouveaux. Du côté sérieux, il parle notamment de prostitution, de proxénétisme, dans un pays qui semble aux mains des mafieux. Il s'intéresse également à la religion, à travers l'image du grand-père qui construit seul son église, et à la vie urbaine dans la Serbie d'aujourd'hui. Souvent habitué au cadre campagnard, une grande partie de son film se déroule cette fois en ville. Et apporte un visage nouveau à son film. Et côté loufoque, une attention particulière est apportée à tout ce qui touche à la zoophilie, et à la castration des mâles.
Ce Kusturica est donc un bon cru, digne de ses précédents, et clairement dans leur lignée. Alors pour ceux qui n'ont pas aimé du tout les précédents, autant s'abstenir, et pour ceux qui ont apprécié, ne bouder pas votre plaisir et aller vous offrir un bon moment de rire avec ce film !