12 février 2008
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Dans ce livre, Annie Ernaux évoque sa propre histoire : comment, fille de commerçant, elle accède au monde de la culture et du savoir à travers l'école. Et ce passage d'un monde à l'autre, cette évolution n'est pas sans tourment : elle peine à écrire son roman, en fait part au cours du récit.
J'apprécie beaucoup l'écriture d'Annie Ernaux, en particulier dans ses œuvres plus intimes. Je l'ai découvert par hasard grâce à son ouvrage L'Événement, puis j'ai poursuivi avec La place et Une femme (où elle parle de sa mère). Je me suis replongé dans La Place pour des raisons personnelles, ayant en ce moment le même ressenti qu'Annie Ernaux vis à vis de son père : un écart se crée, qu'il est de plus en plus difficile de combler, car chacun des protagonistes a du mal à comprendre comment l'autre a évolué. Mais je pense que tout ceci est au final assez universel, et que beaucoup de lecteurs peuvent retrouver un peu de leur histoire dans ce livre.
J'apprécie également cette intimité qu'elle crée entre elle et son lecteur. elle utilise une écriture simple, qu'elle revendique d'ailleurs, et nous fait part de ses difficultés d'auteur. On partage ses sentiments de doute, de désarroi.
Mais au final, cette lecture n’est pas triste : elle est tout simplement forte, émouvante et touchante, comme si la mort de son père lui faisait comprendre qu'elle était passée à côté d'une relation, mais qu'elle gardera toujours quelque chose de son père. D'ailleurs ce livre est un hommage à celui-ci, en dépit de leur distance. Distance qui se crée souvent de manière naturelle et inconsciente, mais qui a des impacts sur ces relations qu'on souhaiterait souvent privilégiées.
Pour d'autres avis positifs, voir Laurence (qui en a choisi un extrait très parlant), Sylvie, Hervé, Caro[line], et celui plus mitigé de Stéphanie.
La place, d'Annie Ernaux
Ed. Folio