Tim
Burton revient avec un nouveau film, son acteur fétiche, Johnny Depp, et son actrice préférée, qui est aussi sa femme, Helena Bonham Carter.
A Londres, un barbier, Benjamin Barker, est envoyé au bagne par le juge Turpin. Celui-ci n'a rien à lui reprocher si ce n'est d'être le mari de la femme qu'il convoite. Quelques années plus
tard, Sweeney Todd arrive à Londres après s'être échappé du bagne : son objectif est de se venger de ceux qui ont fait du mal à Benjamin Barker. Et il sera aidé en cela par une jeune femme
qui tient un magasin de tourtes à la viande, denrée rare à cette époque...
Tim Burton s'attaque à un nouveau genre : la comédie musicale. Johnny Depp et Helena Bonham Carter poussent donc la chansonnette (assez bien, d'ailleurs !) tout au long du film. La musique
est omniprésente, et cette gaieté parvient à faire passer les moments plus difficiles.
Car Sweeney Todd est barbier, et le moyen le plus simple de se venger de ses ennemis est de profiter de son métier : il leur coupe donc la gorge avec son rasoir. Cela donne lieu à deux séquences
intenses, où le rouge ressort sur le fond grisâtre que donne Burton à l'ensemble de son film. On assiste donc à une succession d'égorgement, et bizarrement, lors de la première, c'est la chute
des corps de plusieurs mètres qui m'a plus troublé que la coupure en elle-même. Allez savoir pourquoi.
Le côté sanguinolent est donc pour moi au final assez anecdotique, car tout le début du film se passe sans crime : l'installation de Sweeney Todd à Londres, sa rivalité avec le senior Pirelli
(très drôle Sacha Baron Cohen, l'acteur de Borat). Et tout cela est entrecoupé de scènes romantiques (parfois mièvres) entre le jeune premier, Anthony, qui a sauvé Sweeney de la noyade,
et Johanna, la fille de Benjamin Barker recueillie par le juge Turpin.
La chanson "Johanna" m'a d'ailleurs furieusement fait pensé à "Maria", la chanson entendue dans West Side Story, mais avec une préférence pour la seconde. Les autres chansons donnent un
côté décalé au film, et permettent au spectateur de rentrer doucement dans ce conte morbide. La chanson sur les plus mauvaises tourtes de Londres est très drôle, et celle que Sweeney Todd chante
à ses rasoirs fait froid dans le dos.
Même si Burton revient à un univers plus noir, qui peut faire penser à Batman, Beetlejuice ou Edward aux mains d'argent, il parvient à se renouveler à travers la
comédie musicale. Et le héros, aveuglé par la vengeance, ne fait pas éprouver de pitié comme cela pouvait être le cas avec Edward.
Voilà donc un beau film noir, à la fois dans la tonalité et dans le thème, à aller voir en sachant qu'il y a des scènes un peu sanglantes. J'avoue que j'appréhendais un peu (une mauvaise
expérience avec Kill Bill), mais je me suis laissé embarquer par l'histoire. Pour les allergiques au rasoir, il est quand même préférable de s'abstenir !