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13 janvier 2008 7 13 /01 /janvier /2008 19:04

un-roman-russe.gifVoici un roman déroutant, qui m'avait attiré l'an dernier car il était auréolé de bonnes critiques, et pour voir le travail d'auteur d'Emmanuel Carrère, dont je n'avais pu apprécié que La moustache, où il a oeuvré en tant que réalisateur et scénariste, et L'adversaire, adapté de son roman par Nicole Garcia.

Un roman russe est un ouvrage autobiographique, dans lequel Emmanuel Carrère livre en parallèle deux passages qui ont transformé sa vie. Tout d'abord, les différents voyages qu'il a fait à Kotelnitch, petite ville du fin fond de la Russie, où il a été amené pour un reportage sur un prisonnier hongrois enfermé dans un hôpital depuis 1945, et qui a enfin pu rentrer dans son pays. Ce  voyage a de terribles résonances pour lui, car c'est le pays d'origine de sa mère, et ce retour l'amène à se poser des questions sur son grand père, dont sa mère ne parle jamais. L'autre aspect constitutif du récit est sa relation amoureuse avec Sophie, et comment cette relation a eu un impact sur sa production littéraire.

Je ne partage pas du tout les opinions politiques d'Emmanuel Carrère, dont on sent dans le récit qu'il est de droite et qu'il le revendique. Même s'il raconte la vie miséreuse de son grand-père, ainsi que celle de sa propre mère, il a lui-même bénéficié de conditions de vie très correctes. 

Ce point étant admis, ce livre est un objet littéraire assez fascinant, car l'auteur nous y expose les difficultés et les états d'âme qu'il a rencontrés il y a quelques années. Nous ne sommes pas dans un autobiographie classique, écrite en fin de vie par un auteur connu pour faire un  premier bilan, comme Le monde d'hier de Stefan Zweig (remarquable ouvrage par ailleurs). Ici il est sensible que ce qui est rapporté aura une influence sur les futures oeuvres de l'auteur.

Emmanuel Carrère nous fait donc entrer dans son intimité : le roman débute par la description d'un rêve érotique, et on parcourt le livre en ayant cette ouverture en tête. Au milieu du roman est introduit une nouvelle que Carrère a publié dans le Monde. Cette nouvelle a un rôle très important dans sa relation avec Sophie, et même si elle peut être dérangeante car érotique, je trouve qu'elle a toute sa place dans ce roman.

Voilà, j'ai un peu de mal à parler de ce livre car on rentre dans l'intimité d'un auteur, et des relations avec sa famille, en particulier sa mère, Hélène Carrère d'Encausse, secrétaire de l'Académie Française (qui avait dit que la révolte des banlieues en 2005 était due à la polygamie !!! Comme quoi on peut avoir fait des choses très intelligentes et être complètement à côté de la plaque). Le livre se termine par une lettre de l'auteur à sa mère.  On entre alors totalement dans les affaires internes de la famille.

C'est un livre que je conseille donc à un public un peu averti de ce qu'il pourra trouver, et qui ne craint de se trouver face à certains règlements de compte personnels. Mais le roman (en est-ce un d'ailleurs ?) est très bien écrit et se dévore.

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