Voici
pourquoi il y a longtemps que je n'ai pas écrit de billets sur un livre : je m'étais plongé dans un gros roman, Le Maître et Marguerite.
Une nouvelle fois, faire un résumé de cette oeuvre est difficile, et je vais me contenter d'esquisser le tout début du livre.
A Moscou, dans les années 30, un poète et un journaliste se promènent du côté du Lac du Patriarche, et discutent de la meilleure manière d'exprimer leur athéisme. Leur discussion est
interrompue par l'apparition d'un homme, qui se présente comme un étranger en visite. Mais cet étranger aura une influence néfaste : il annonce au journaliste qu'il va bientôt mourir,
décapité. Les deux camarades rejettent cette prédiction, jusqu'à ce que le journaliste, par un enchaînement funeste de circonstances, se fasse écraser par un tramway, sa tête étant
détachée du corps. Qui est donc cet étranger ? Et qui sont ces drôles de personnages qui lui tournent autour, notamment ce gros chat qui prend le tramway comme n'importe quel être humain ?
Le Maître et Marguerite est un roman foisonnant : c'est un récit fantastique où les références sont extrêmement nombreuses. On y retrouve le diable et ses acolytes, il y des scènes
de messes noires, des détournements des symboles religieux (notamment du baptême,...). Boulgakov puise son inspiration chez Goethe et dans les récits fantastiques russes du XIXeme.
Malheureusement, la plupart de ces références m'étaient inconnues, et ce n'est qu'après avoir lu un petit appareil critique que certains détails se sont révélés signifiants.
Ce roman est également une critique assez vive et sans retenue de l'Union soviétique des années 30 : les différents personnages se demandent continuellement s'ils ne vont pas se faire arrêter,
Boulgakov dénonce également les connivences entre les milieux artistiques et politiques. Mais une nouvelle fois, je ne pense avoir saisi toute la richesse de ce texte, ma connaissance de cette
période étant trop limitée.
Enfin, ce roman est également une mise en abîme du romancier lui-même : le Maître, qui n'apparaît que tardivement, est en effet un romancier qui n'arrive pas à être publié, son roman sur Ponce
Pilate étant rejeté par les éditeurs. A cette disgrâce se mêle une histoire d'amour entre le Maître et Marguerite, histoire qui est interrompue par l'échec littéraire du Maître, mais que le
Diable sera le seul à pouvoir résoudre.
Ce roman, que j'ai lu sur le conseil d'une libraire, est selon moi très réussi, même si un lecteur actuel ne peut saisir trous les enjeux de ce texte : le fantastique est présent à chaque instant
(avec notamment une grande séance de magie noire dans un théâtre russe, ou un grand bal donné un soir de pleine lune en l'honneur du Diable). Je ne connaissais pas du tout cet auteur, qui a vécu
dans les années 20-30 dans l'Union soviétique stalinienne des procès et autres exils en Sibérie, et son roman est imprégné de ses expériences.
Une très belle lecture, un peu ardue (il faut se faire aux noms russes à rallonge et accepter de ne pas saisir toutes les références) mais qui vaut le coup de s'y plonger.
Le Maître et Marguerite, de Mikhaïl Boulgakov
Traduit du russe par Claude Ligny
Ed. Pocket