Pour les 50
ans de sa mort, beaucoup d'événements sont organisés autour de Sacha Guitry.
La cinémathèque française, à Paris, lui consacre à cette occasion une rétrospective et une exposition. Aujourd'hui, je vous parle du film que j'ai eu l'occasion de voir,
Quadrille.
Dans l'entre-deux guerres, Philippe, responsable d'un journal, doit interviewer Carl Henderson, la star mondiale montante : toutes les femmes sont à ses pieds, et son charisme fait des
ravages. Malheureusement, et à l'insu de Philippe, ces ravages vont s'étendre jusqu'à Paulette, sa propre femme. Mais Philippe a d'autres atouts dans sa manche pour ne pas rester
le bec dans l'eau...
Ce film des années 30 me semble assez représentatif d'une partie du travail de Guitry : du boulevard, avec des couples qui se séparent, des amants et des maîtresses. Même si l'intrigue du film
est assez classique (une femme rencontre un amant, qui est obligé de partir, et elle se retrouve donc face à son mari), le film en question assez surprenant : il y a du rythme, les répliques sont
drôles, font souvent mouche. Les personnages sont aussi très intéressants car ils ne correspondent pas aux images traditionnelles de ce genre de film : Paul, le cocu, ne fait pas de crises
de jalousie mais essaie de trouver son intérêt dans cette mésaventure, son amie journaliste, également amie de sa femme, joue un double jeu qui s'avère au final gagnant. De plus, les acteurs
sont très bons, avec Sacha Guitry lui-même dans le rôle de Paul, et deux actrices assez surprenantes : Gaby Morlay et Jacqueline Delubac, qui n'a pas eu une grande carrière au cinéma : elle a
surtout tourné avec Guitry, dont elle a été la première femme.
L'aspect théatral du film est également assez flagrant : le film est tiré de la pièce du même nom, écrite par Guitry. La réalisation est également surprenante, avec notamment de longs
plans-séquence, comme lorsque Philippe retrouve Paulette après la nuit passée avec son amant. Ce procédé est quelque peu déstabilisant pour un spectateur contemporain, tant la vitesse et la
frénésie du montage sont importantes aujourd'hui.
On retrouve également certains aphorismes qui ont fait la gloire de Guitry. J'ai notamment retenu celui-là (en parlant de la tentative de suicide de sa femme) :
" Puisqu'elle s'est ratée en voulant se tuer, elle pourrait se tuer en voulant se rater".
Au final, un premier pas dans l'oeuvre de Guitry qui devrait être suivi par d'autres...